Comme l’indique Marc Fiorentino dans sa lettre quotidienne, « La France, qui a adopté le système d’indemnisation du chômage partiel le plus généreux, vit encore dans une bulle. Mais l’État va devoir, un jour, avoir le courage de baisser l’indemnisation du chômage partiel et ce jour-là, les vacances seront terminées. Les entreprises vont devoir licencier. Massivement. Dans les secteurs les plus touchés directement par la crise, comme la restauration, l’événementiel, le tourisme, ou le secteur aéronautique et automobile mais pas seulement. »
Le chômage partiel en France nous cache l’augmentation réelle du chômage en France. Il est donc difficile de projeter quel sera le niveau des demandeurs d’emploi une fois la crise sanitaire (mais pas économique) passée.
On peut faire des hypothèses et en tirer des projections… Qui ne sont pas réjouissantes.
Une étude américaine montre que 32% des salariés qui ont perdu leur « job » à cause du Covid 19 ne retrouveront pas leur emploi…
Quelque 8,6 millions de Français ont été soumis au chômage partiel en avril (sur 11,2 millions de demandes) et si on considère que 50% auraient été mis au chômage si le système du chômage partiel n’avait pas existé et que l’on estime que 32% de ces « vrais » chômeurs ne retrouveront pas leur emploi, on aurait, cet automne, environ 1.375.000 chômeurs de plus… Soit un total de près de 5 millions de chômeurs en catégorie A.
Un désastre. Et si le gouvernement reste incapable de redonner aux Français la confiance et l’envie de retourner au travail, de retourner dans les restaurants, et même de sortir de chez eux (à plus de 100 km !), la catastrophe pourrait encore être pire.
Conséquences ? La chute de la croissance va entraîner une diminution importante de la richesse nationale et une hausse de la pauvreté : combien d’ouvriers, employés, membres de la « classe moyenne inférieure » vont sombrer dans la pauvreté ? Il est démontré que ce sont les moins éduqués ou formés qui seront les plus touchés et les inégalités vont s’accroître fortement, non pas par une envolée de la richesse de quelques-uns mais par la baisse brutale des revenus pour beaucoup. L’augmentation des inégalités revendiquée par Piketty et consorts est, dans notre monde, due à une différence croissante entre les personnes diplômées et celles qui ne le sont pas, plutôt que par un « hypercapitalisme » à la Piketty, comme démontré par Robert Topel (professeur d’économie à Chicago Booth).
En outre, plus longtemps cette crise se prolongera, plus les grands groupes se renforceront au détriment des PME. Cette concentration (qui semble souhaitée par nos dirigeants politiques, toujours en recherche de « champions ») aura pour conséquence une baisse de la compétition et probablement de l’innovation, accentuant les risques d’inflation, ce qui ajoutera à la paupérisation de la société.
Il est plus que temps que nos gouvernants se réveillent et commencent enfin à prendre de bonnes décisions et cessent d’infantiliser la population. Et qu’ils appliquent le fameux slogan de Thorez en 1945 : « Retroussons nos manches ! ». Ne donnons pas aux rêveurs de gauche et autres populistes un magnifique terrain pour prospérer.