Tout le monde connaît Greenpeace, mais quels sont ceux de nos lecteurs qui ont eu la curiosité de s’intéresser d’un peu plus près au fonctionnement de cette ONG ?
Il est d’abord utile de se pencher sur les données financières de l’association. Ces chiffres font rêver :
• Présente dans 44 pays, l’ONG a reçu en 2015 des dons à hauteur de 346 millions d’euros qui ont servi à couvrir les frais de collecte pour 117 millions d’euros (34%) et de fonctionnement pour 51 millions d’euros (15%), et elle se trouve en fin d’exercice à la tête de 198 millions d’euros de trésorerie ;
• Compte tenu d’un excédent de recettes de 25 millions d’euros (7%), on voit que les actions liées aux différents programmes représentent moins de 45% des sommes collectées, ce que bien des contributeurs doivent ignorer ;
• Pour l’activité en France, les 169.000 adhérents ont versé 18 millions d’euros ventilés en frais de recherche de fonds 30%, administration 13%, d’où un ratio un peu meilleur de 55% des recettes affectées à des missions sociales.
L’importance de ces sommes explique l’écho rencontré dans la presse et les médias par les différentes campagnes lancées par cette organisation. Il semble toutefois que la crédibilité des positions défendues par Greenpeace commence à être sérieusement mise en cause par la communauté scientifique.
Dans le domaine de l’opposition au nucléaire sur laquelle Greenpeace s’est historiquement construite, l’ONG a évidemment brossé un tableau apocalyptique des conséquences sur la santé humaine de l’accident de Fukushima. Ce faisant elle a totalement occulté les travaux des scientifiques de l’UNSCEAR et de l’Organisation mondiale de la santé. Rappelons que l’UNSCEAR est le comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants et qu’il a pour mission d’évaluer les niveaux et les effets des rayonnements ionisants naturels et artificiels sur l’homme et sur son milieu et de faire des rapports sur ce sujet[[Voir www.unscear.org]]. Il joue dans ce domaine le même rôle que le GIEC dans le domaine climatique, avec les mêmes règles de fonctionnement.
Or que dit son rapport sur les conséquences de l’accident ?
• « Pour la population touchée par l’accident, les taux de cancer devraient rester stables. Le Comité ne s’attend pas, s’agissant des futures statistiques du cancer, à des changements importants qui pourraient être attribués à une exposition aux rayonnements due à l’accident. »
• « Les expositions supplémentaires subies par la plupart des Japonais pendant la première année et les années suivantes du fait des rejets radioactifs dus à l’accident sont inférieures aux doses dues au fond naturel de rayonnement (qui, au Japon, est d’environ 2,1 millisievert par an). »
• « L’UNSCEAR a constaté que l’exposition de la population japonaise était faible, avec pour conséquence de faibles risques d’effets sanitaires dus aux rayonnements plus tard dans la vie. Cette constatation concorde avec les conclusions du rapport de l’OMS sur l’évaluation des risques sanitaires. »
Mais ce n’est pas dans le domaine nucléaire que la crédibilité scientifique de Greenpeace est mise en cause. C’est celui des OGM où l’opposition de Greenpeace aux organismes génétiquement modifiés constitue le thème le plus actuel de ses manifestations.
L’organisation a ainsi adopté une attitude totalement rigide et contraire à l’esprit scientifique en condamnant tous les OGM à la raison qu’ils seraient un danger pour la nature car ils portent atteinte à la biodiversité, et, poussant sa logique à bout, justifie l’interdiction de toute recherche y compris par la destruction physique des essais en vraie grandeur et par les campagnes d’arrachage dont les médias se font complaisamment l’écho. Déjà en 2003, 1.500 chercheurs français dont 2 prix Nobel, Pierre-Gilles de Gennes et Jean-Marie Lehn, ont lancé une pétition pour contester ces déprédations et leur impact négatif sur les activités de la recherche.
Ces protestations ont été relayées au niveau international par l’Organisation mondiale de la santé, analyse validée par toutes les Académies des sciences de la planète. L’exaspération du monde scientifique a maintenant atteint un niveau tel qu’une lettre signée par 110 prix Nobel sur les 296 vivants a été publiée[[Lettre Prix Nobel disponible sur supportprecisionagriculture.org]] en juin 2016 dans le but d’attirer l’attention des gouvernements sur les conséquences désastreuses de ces actions sur le problème de la faim dans le monde. Cette explosion de colère est liée à la guerre lancée par Greenpeace contre le « riz doré ». On désigne sous ce terme une variété nouvelle de riz, développée par des chercheurs suisses, qui combat la carence en vitamine A dont sont affectées les centaines de millions de personnes se nourrissant exclusivement de riz.
Ces prix Nobel appellent Greenpeace « à cesser la campagne contre le riz doré en particulier et les aliments améliorés grâce aux biotechnologies en général » et précisent la nature de l’enjeu : du fait de cette carence en vitamine A, de 250.000 à 500.000 enfants développent une maladie oculaire conduisant dans 50% des cas à la cécité. Ils concluent en demandant « combien de pauvres gens dans le monde doivent mourir avant que nous considérions (l’attitude de Greenpeace) comme un crime contre l’humanité »
Quand les médias français, plutôt que de donner la parole à José Bové et Noël Mamère, se feront-ils l’écho de cette véhémente mise en cause d’une organisation qui continue à donner des leçons de morale à l’humanité ?
4 commentaires
bon rappel !
bon rappel! le taux d’utilisation utile est particulièrement bas…
GREENPEACE = contrepouvoir !
1°) GREENPEACE défend l'intérêt général et la santé des populations dont les multinationales en tous genres n'ont que foutre !
2°) Les avis des soidisant experts de la Communauté Scientifique ne sont que le reflet des positions de ces mêmes multinationales qui les ont achetés donc corrompus.
Il faut être naïf pour croire qu'il en est autrement dans tous les domaines: nucléaire, chimie, pharmaceutique, pétrole, transports, ondes électromagnétiques ….
Un conseil pour votre santé, votre bien le plus précieux, écoutez un peu plus les lanceurs d'alertes dont il s'avère, bien trop tard, qu'ils ont la plupart du temps raison.
greenpeace, défenseur de l'intérêt général ?
greenpeace, défenseur de l'intérêt général ? Vous pouvez aussi vérifier que l'intérêt général est systèmatiquement, quand on creuse, un intérêt particulier "généralisé". Cela me semble tout à fait démontré dans cet article ne serait-ce que par le taux indécent de frais sur collecte. Je ne connais pas d'ONG qui aie fait mieux. On pourrait ajouter que Green Peace est en fait à l'extrême limite d'une organisation terroriste : je définis et choisis mes objectifs en petit comité et je les impose ensuite au bon peuple par la violence. Cherchez l'erreur ?
La violence
est l'ultime recours nécessaire quand toutes les solutions de bon sens ont été mises en avant sans jamais avoir été entendues par les décideurs et leurs lobbys corrupteurs. Une phrase partagée et gravée dans ma tête après avoir rencontré l'illustre feu Jacques Vergès.