Page d'accueil Regards sur l'actualité Et si les Assises de la Fiscalité décidaient de multiplier les gazelles ? (1)

Et si les Assises de la Fiscalité décidaient de multiplier les gazelles ? (1)

par Charles Garnier
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Les gazelles, entreprises jeunes à forte croissance, sont reconnues comme le moteur de la création d’emplois. En cette période où tous les regards sont tournés vers les Assises de la Fiscalité, où tous les politiques sont attentifs à légitimer leurs actions pour faire baisser la courbe du chômage et à mettre en valeur leurs décisions en vue de créer de l’emploi, essayons d’analyser comment l’État pourrait encourager les gazelles à croître et se multiplier.

Rappelons ce qu’est une gazelle : c’est une entreprise connaissant une croissance en emplois d’au moins 20% par an pendant trois ans, et ayant au moins 10 salariés, mais moins de 5 ans d’âge au début de cette période de croissance. Selon une étude de l’IRDEME (Institut de Recherche pour la Démographie des Entreprises) datant de 2013, la création de gazelles serait deux fois moins importante en France qu’au Royaume-Uni. Au cours de la période 2005-2008, ces mêmes gazelles françaises auraient créé 4 fois moins d’emplois que les gazelles britanniques.

Ainsi, 1.464 gazelles françaises ont été créées dans la période 2005-2008 alors que 3.220 gazelles émergeaient au Royaume-Uni pendant la même période, soit plus du double. Les emplois créés par ces gazelles en France ont été de 57.381, alors qu’au Royaume-Uni, 252.375 ont vu le jour, soit 4,4 fois plus. Le nombre moyen d’emplois créés par gazelle était de 39 pour la France et de 78 pour le Royaume-Uni. Les gazelles britanniques sont donc plus nombreuses et plus créatrices d’emploi que les françaises.

L’IRDEME avait déjà observé en 2007 et 2012 ce même type de situation et avait tenté d’expliquer cette différence entre la France et le Royaume-Uni par une croissance plus rapide des entreprises britanniques, par des prélèvements obligatoires plus faibles et un environnement (code du travail, bureaucratie, etc.) beaucoup plus ouvert. Cette étude conduisait à se demander si la faiblesse du taux de croissance de nos gazelles françaises n’était pas due à la médiocrité de leur caractère innovant, à un environnement administratif et légal plus contraignant, ou à un système de financement en amorçage insuffisamment favorable ou disponible.

Selon cette étude comparative des parcs industriels français et britannique, la différence observée est en effet assez significative : les entreprises britanniques croissent en moyenne 60% plus vite que les françaises. Cette analyse est à mettre en lien avec les découvertes d’un chercheur américain du MIT, David BIRCH, qui, à la fin des années 1970, montra, en analysant les fichiers d’entreprises de Dun & Brad Street, que l’emploi n’était pas créé par le top 500 des premières entreprises américaines mais par des entreprises de moins de 100 et même de 10 personnes, ce qui constitua, en soi, une petite révolution intellectuelle aux USA.

Analyse de l’effet capital social sur la création d’emploi :

Les gazelles sont peu nombreuses, mais ce sont elles qui croissent plus vite que toutes les autres entreprises. Y a-t-il des raisons financières à cette croissance ?

Pour illustrer cet effet, voici, ci-dessous, deux graphiques du PH Group qui détient dans ses bases documentaires, les bilans, comptes d’exploitation, bases effectifs salariés, etc. pour la plupart des entreprises britanniques et françaises depuis plus de 10 ans. Ces graphiques comparent l’évolution du capital social et de l’emploi dans les entreprises ayant un capital social initial d’au moins 100.000 euros.

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Ces deux graphiques démontrent la forte corrélation entre l’évolution des capitaux propres et l’évolution de l’emploi moyen par entreprise.

Pour compléter cette illustration, essayons de comparer avec d’autres chiffres la dynamique financière des gazelles britanniques avec celle des gazelles françaises et leur avantage sur les non-gazelles.

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Toutes les données financières sont exprimées en euros. Le taux de conversion utilisé pour le Royaume-Uni est de 1 livre sterling = 1,40 euro (taux de change moyen de cette période). Les primes d’émission sont incluses dans le capital social.

Première observation : les capitaux investis dans les gazelles pendant la période de forte croissance leur permettent de grossir et d’accroître leurs effectifs plus fortement que les non-gazelles.
Deuxième observation : pendant la période de croissance (2005-2008), si les gazelles françaises ont doublé leur capital, les gazelles britanniques l’ont fait croître de presque 3 fois.

En moyenne par entreprise, les Britanniques investissent plus dans les gazelles que dans les non-gazelles dès le départ. Entre 2005 et 2008, l’écart entre les gazelles et les non-gazelles britanniques continue de s’accroître, et à la fin de la période de forte croissance le capital moyen d’une gazelle se trouve 2,3 fois plus élevé que celui d’une non-gazelle. Pour les entreprises françaises, les capitaux investis en moyenne par gazelle sont seulement 1,3 fois plus importants que ceux des non-gazelles.
Ainsi, la vitesse de croissance du capital des entreprises est beaucoup plus considérable au Royaume-Uni qu’en France. Cela leur permet de grossir plus rapidement et de créer plus d’emplois pendant la période de forte croissance.
Nous pouvons donc estimer que l’importance de la levée de financement pour accompagner la croissance des gazelles est inductrice d’une plus grande création d’emplois. Et la différence qui existe entre la France et le Royaume-Uni fera l’objet d’une suite à cet article dans une autre étude comparative sur la capacité de chacun de ces deux pays à encourager le financement des gazelles. En d’autres termes, la fiscalité peut-elle jouer un rôle incitatif à la création d’emplois?

 

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