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Entrepreneur, l’ascenseur social

par Valérie Pascale
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Comme montré dans l’article sur les très riches Américains, 75% du centile les plus riches aux Etats-Unis possèdent une entreprise non incorporée.
Comment en sont-ils arrivés là ? Est-ce le résultat d’héritages ? Ou ont-ils créé leur entreprise et est-ce cette entreprise qui leur a permis de monter l’ascenseur social ?

La table suivante apporte un premier élément de réponse.

Tableau 1 : Concentration de la population des entrepreneurs, en patrimoine et valeur nette, par niveau de revenu

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Source : William M. Gentry & R. Glenn Hubbard, « Entrepreneurship and Household Saving », Advances in Economic Analysis & Policy, 2004.
Explication : Les entrepreneurs issus du premier quantile de revenu représentent 0,9% de la population de ce quantile et possèdent 6% des actifs et 6,3% du patrimoine net de ce quantile. Dans le quatrième quantile, 11,2% de la population sont des entrepreneurs avec 28,1% des actifs et 30,9% du patrimoine total net de ce quantile.

Une première conclusion ressort de cette table, c’est que les entrepreneurs sont présents dans tous les segments de revenu.
Presque un quart de tous les entrepreneurs américains figure dans la moitié des Américains ayant le plus faible revenu, 30% dans les trois premiers quintiles et moins de la moitié dans le quintile de revenu le plus élevé.

Mais cette table montre aussi que la concentration des entrepreneurs est d’autant plus élevée que le revenu est plus élevé, marquant bien ainsi que la condition d’entrepreneur est un ascenseur social.

Une seconde enquête explique pourquoi les entrepreneurs ont un niveau plus élevé dans la colline des patrimoines que dans la colline des revenus.

Les chercheurs Raquel Fonseca, Pierre-Carl Michaud et Thepthida Sopraseuth de la RAND Corporation ont évalué le patrimoine en séparant les travailleurs (salariés), les non travailleurs et les entrepreneurs, ceux qui se sont mis à leur compte en créant une entreprise.

Tableau 2. Patrimoine par occupation et quantile

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Source : Raquel Fonseca, Pierre-Carl Michaud & Thepthida Sopraseuth, « Entrepreneurship, Wealth, Liquidity Constraints and Start-Up Costs », RAND Working Paper, 2007.
Explication : Le patrimoine des entrepreneurs issus du décile le plus bas est deux fois plus important que celui des salariés (20.357 contre 9.784) et dix fois plus que celui des non travailleurs (2.948) du même décile de patrimoine. Pour les 10% de la population la plus aisée, le patrimoine des entrepreneurs (632.117) est nettement supérieur à celui des salariés et des non travailleurs (477.605 et 470.413 respectivement).

Il est visible que dès que l’entrepreneur dépasse le niveau de patrimoine du décile le plus bas, son patrimoine devient presque deux fois plus important que celui des salariés dans la même classe de patrimoine que lui.
Cet écart se conserve dans la plupart des déciles de patrimoine et ce n’est que dans les derniers centiles des patrimoines les plus élevés que patrimoines des salariés et patrimoines des entrepreneurs convergent.

Ce que les chercheurs expliquent ainsi : « Les entrepreneurs peuvent emprunter auprès des banques pour établir ou développer leurs entreprises ; cependant, à cause des limitations à la mise à exécution légale des contrats de prêt, les banques hésitent à prêter à des entrepreneurs ayant les plus faibles niveaux de patrimoine ; le patrimoine joue ainsi le rôle de collatéral et réduit les risques de non remboursement ».
Ce sont donc les entrepreneurs qui ont les plus bas revenus qui sont les plus contraints d’économiser pour donner à leurs entreprises le matelas de sécurité que les organismes bancaires ne peuvent leur assurer.
Et, nous ajoutons, ceci confirme pourquoi 75% des plus riches sont à la tête d’entreprises non incorporées, ils n’ont jamais pensé que leur entreprise se développerait ainsi en la créant. Mais ils sont aussi contraints de se créer un capital de sécurité plus important que ce que leur revenu aurait pu faire entrevoir pour s’assurer contre un revers économique.

C’est ce besoin de sécurité pour assurer la survie de leur entreprise qui explique en grande partie pourquoi les inégalités de patrimoine sont plus fortes que les inégalités de revenu.

 

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