Page d'accueil Regards sur l'actualité Energie : de la maîtrise à l’efficacité, quel optimum ?

Energie : de la maîtrise à l’efficacité, quel optimum ?

par Yves Buchsenschutz
180 vues
arton1568.gif

« En même temps » que l’insécurité, le pouvoir d’achat et l’immigration, un débat fondamental est actuellement en cours, à la fois entre les pays européens et entre les candidats à l’élection présidentielle française, mais aussi par exemple dans la formation en cours de la nouvelle coalition allemande : le débat autour de l’énergie.

La « crise de l’énergie » n’est pas près de s’arrêter

Axiome numéro un : Si l’on réfléchit un peu, toute amélioration matérielle des conditions de vie de la population mondiale se traduit en fin de compte par de la consommation d’énergie. Comme il y a encore entre 500 millions et 1 milliard de pauvres au sens de l’ONU (moins de 1,90 $ par jour) sur terre, au maximum 3 milliards d’habitants de pays « développés » en incluant la Chine (?) dont une moitié au moins considère qu’elle est victime des inégalités et donc insatisfaite de son sort[[sachant que la solution n’est pas la redistribution : la fortune de Madame Bettencourt répartie entre 60 millions de Français donne 500 € par personne et ceci une seule fois.]]. Comme il faut ajouter les 3 milliards d’habitants « en voie de développement » qui espèrent bien le plus vite possible rejoindre le peloton des pays riches, l’amélioration du niveau de vie, quelle que soit la manière dont on la tourne, implique dans tous les cas une augmentation de la consommation de planète et d’énergie.
Les trois manières de freiner cette demande en croissance quasi exponentielle, sont :
– la maîtrise de la démographie. (Tout être humain qui voit le jour consommera de la planète, de l’air, de l’espace, et de l’énergie) ;
la productivité, c’est-à-dire : produire mieux les richesses, à moindre dépense et quelque part à moins d’énergie ;
– et la troisième, terrible, la famine et la guerre.

Développer à tout prix la productivité

Axiome numéro deux : il faut essayer de développer à tout prix la productivité, ce qui commencera à freiner la croissance inéluctable de la consommation globale nécessaire au bien-être des peuples de la terre. Je ne crois absolument pas à la conversion générale de l’humanité à la frugalité : qui ira expliquer à Pierre Paul ou Jacques que l’hôpital n’a pas fait le maximum pour sauver son père ou sa fille ?

Orienter les efforts vers la saturation des investissements

Axiome numéro trois : ceci demandera d’énormes efforts en particulier d’investissement. Il faut donc absolument réserver ceux-ci en priorité à la diminution continue de la consommation d’énergie par unité de consommation produite ainsi comme nous allons le voir qu’à privilégier les énergies les plus efficaces.

Favoriser l’énergie électrique sans ignorer ses difficultés de stockage

Axiome numéro quatre : l’électricité, qui apparaît comme l’énergie la plus neutre dans le cadre du développement, a cette caractéristique particulière que d’une part, à l’instant t, la production doit toujours être à peu près égale à la consommation et que d’autre part on sait très mal la stocker. Il faut donc disposer à tout moment de la puissance disponible pour équilibrer les réseaux. Or seules les productions permanentes « pilotables » (transformation des énergies fossiles, nucléaire, dans certaines conditions l’hydraulique) sont à même de garantir cet équilibre ou correspondance. Tant que l’on n’aura pas résolu le problème du stockage de l’énergie, toutes les énergies intermittentes ne seront que des béquilles potentielles.

Conclusions

Conclusion numéro un : les énergies intermittentes, dans l’état actuel des connaissances, ne sont et ne peuvent pas être la solution. Il est certes intéressant de les tester, et de les étudier, car on n’est jamais à l’abri d’une amélioration, mais pour le moment ce n’est pas encore le cas. De plus elles contredisent globalement le principe de productivité maximale (elles sont aujourd’hui beaucoup plus onéreuses que les centrales traditionnelles) ainsi que le principe d’économie d’investissement puisqu’il faut investir deux fois la capacité de production, une fois en intermittent et une fois en capacité toujours disponible (pour pallier les aléas de l’intermittence). Tout ceci sans parler de la gymnastique de gestion qu’implique le mélange de tous ces systèmes qui en général ne se traduit pas par une amélioration du résultat. S’y ajoutent les coûts de restructuration du réseau de distribution qui a été conçu pour acheminer le courant produit par un nombre limité de centrales vers les consommateurs finaux, là où les ENR produisent du courant à partir d’une myriade d’unités dispersées sur tout le territoire. Les Allemands par exemple, produisent l’éolien en Mer Baltique et tirent de nouvelles lignes de transport vers la Bavière ! (et le transport coûte aussi de l’énergie !).

Conclusion numéro deux : entre le risque de manquer purement et simplement de la dernière et seule énergie « primaire » et celui d’un accident nucléaire qui de facto, dans des conditions de gestion normale n’a jamais eu lieu, il faut choisir. Personnellement je choisis le nucléaire qui n’a été rangé au placard que parce qu’il a permis de lancer les mouvements écologistes dont je ne nie pas comme tout le monde une certaine pertinence, mais regrette une gestion erratique.[[Excellent reportage le 27 10 sur la 2 sur l’épopée du charbon en France. Incommensurable coût humain !]]

Conclusion numéro trois : il faut arrêter de fermer les centrales nucléaires mais au contraire les prolonger, ce qui se fait très naturellement dans la plupart des usines et sans exiger à chaque fois des danses du ventre techniques qui ont des raisons politiques plus que réellement industrielles. Il faut repenser complètement le plan de développement de nouvelles centrales d’anciens ou de nouveaux modèles, grandes ou petites comme on a toujours mené les investissements en cherchant la solution la moins coûteuse, la plus productive et la plus rapide. On va s’apercevoir à ce propos qu’on est souvent déjà hors délai.

Accessoirement il faut aider les pays en voie de développement à faire les bons choix dès le départ car ce sont eux dont la consommation d’énergie va réellement exploser dans les prochaines années s’ils arrivent à décoller. Les efforts de l’Europe, et en particulier de la France, ne seront en définitive que très marginaux dans le résultat final, sauf par l’expérience qu’elle sera capable d’enseigner aux autres.

En ce qui concerne la France plus particulièrement, elle se trouvait, grâce à des décisions qui ont été prises il y a 40 ans dans une position très favorable car elle a fait ce choix il y a plusieurs décennies, mais elle est en train de gâcher ses chances : elle a perdu ses connaissances, a déjà fermé sa recherche et fait des lois pour fermer ses centrales nucléaires. Il est vrai que ne disposant pas ou peu autrefois de pétrole ou de gaz, elle a eu l’imagination géniale d’en interdire la recherche sur son sol probablement de peur d’améliorer sa balance commerciale ou de ne plus dépendre des pays d’Afrique du Nord ou du Moyen-Orient, voire de Russie. Pourtant sa balance commerciale électrique a longtemps été bénéficiaire et la mettait au moins à l’abri des chantages sur le prix du gaz. Elle pourrait encore être franchement exportatrice alors qu’elle gère aujourd’hui les aléas de l’intermittent allemand à bas prix.

Sur le débat de l’énergie, il est a noter les récentes intervenions de Christian Gerondeau, spécialiste reconnu de ce type de problème, ex-monsieur sécurité routière, lequel a le mérite de poser les problèmes clairement et simplement. Ainsi qu’un article de PNC-France [[Association pour la défense du Patrimoine Nucléaire et du Climat]] proposant la construction de six nouveaux EPR.

 

arton1568.gif

Tu pourrais aussi aimer

2 commentaires

André MOLIMARD octobre 29, 2021 - 11:43 am

De la maîtrise à l’efficacité, quel optimum énergétique ? Vive l’efficience énergétique !
Je voudrais évoquer ici l’inefficacité de l’isolation thermique, dans certains cas, par cette comparaison concrète entre deux maisons totalement opposées dans leur démarche d’isolation. D’une part, la première maison moderne, successivement isolée, ré isolée depuis 40 ans avec tous les dispositifs de subvention, changement de chaudière « consommant 10 fois moins » et des investissements continuels de la part des propriétaires… Le résultat : entre 5 et 10 % de gain de consommation d’énergie, bien mais tout de même bien faible !? D’autre part, le voisin, réfractaire à tout progrès avec vieille maison avec ses joints dégradés de mastic au carreau simple vitrage, chauffage au bois avec vieux fourneau bouilleur des années 60, allumé environ 10 mois / an, cuisine au gaz seulement en été, passait 40 stères de bois / an et qui vient subitement de prendre conscience du réchauffement climatique au début de cette année car il avait passé 6 stères de bois en moins (6/40, au fait cela ferait -15 % ???!…)pendant l’hiver 20/21, « ça gêle plus, dit il, même la vermine tient le coup, maintenant ! ». Cerise sur le gâteau : il fait plus chaud chez le paysan que chez le prof, sa cuisine – séjour est au dessus de son garage avec programme « isolation 0 », si les portes du garage restent ouvertes plus de 2 minutes, la chaudière se met systématiquement en route ! Elle est pas mignonne, celle – là !

Répondre
Elegehesse octobre 29, 2021 - 9:35 pm

L’opinion commence à comprendre que les machines intermittentes ne font qu’ économiser au mieux, 25% du combustible
L’opinion commence à comprendre que les machines intermittentes ne font qu’ économiser au mieux, 25% du combustible des centrales pilotables et indisponibles que par planification des entretiens.

Économiser du combustible nucléaire n’a pas de sens car il représente quelques centimes du coût total de l’électricité nucléaire.

Quand les centrales au charbon ou au gaz sont les centrales pilotables et disponibles, cela a du sens d’économiser le combustible , mais cela ne représente au mieux que 25% d’économie et de non émission de CO2. Le vent et le soleil sont renouvelables mais pas vraiment les machines qui les captent. Ces pseudo systèmes renouvelables sont avant tout, intermittentes et absentes au moins 75% du temps.
Et en plus elles consomment ou détruisent bcp de ressources rares

Espérons que les 15 ans de tâtonnements manipulés par des lobbies sont finis!

Répondre

Laissez un commentaire

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d’accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus

Privacy & Cookies Policy