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Doliprane, une polémique qui n’a pas lieu d’être

par Bertrand Nouel
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La décision de Sanofi de céder une participation de contrôle de sa filiale Opella, fabricant notamment du célèbre médicament Doliprane, à un fonds américain, soulève des protestations politiques et syndicales et agite les responsables politiques sur base de perte de la souveraineté française dans le secteur stratégique de la santé, avec une possible mise en œuvre du « décret Montebourg » permettant d’interdire la cession d’entreprises réputées stratégiques.

Cette polémique repose à la fois sur le refus de tenir compte de la stratégie propre du management d’une entreprise indépendante comme Sanofi, d’une méconnaissance de la vérité économique et de la détestation habituelle en France pour les capitaux américains. Elle n’a pas lieu d’être.

Une décision stratégique parfaitement justifiée de la part de Sanofi.

Opella est la filiale industrielle de Sanofi spécialisée dans la fabrication de produits grand public vendus sans ordonnance. On ne saurait occulter dans la discussion le bénéfice que retirerait Sanofi de la cession, dont le montant extrêmement important tournerait autour de 15 milliards et servirait à Sanofi pour se recentrer sur sa mission essentielle de laboratoire de recherche dans le domaine des vaccins et de produits innovants. On se rappelle que Sanofi a échoué dans la mise au point d’un vaccin contre la Covid, et que les capitaux qu’elle retirerait de la cession seraient les bienvenus pour qu’elle retrouve la place qui devrait être la sienne dans l’innovation pharmaceutique. Dans cet ordre d’idées, Sanofi n’a que faire de conserver une filiale industrielle de production de médicaments qui ne présentent plus aucun caractère d’innovation.

Ne pas confondre Doliprane et paracétamol

Le Doliprane ne contient qu’un seul principe actif, le paracétamol. Durant la crise de la Covid, la consommation de Doliprane a fortement augmenté et les stocks du médicament se sont temporairement révélés insuffisants, au point que le chef de l’État s’en est ému en invoquant la nécessité de remédier à une crise menaçant la souveraineté sanitaire de la France. Mais la raison en est la pénurie du paracétamol qui n’est plus fabriqué depuis longtemps en France ! Sanofi n’est pas le seul producteur français de médicaments à base de paracétamol, l’autre producteur étant UPSA (laboratoire actuellement sous contrôle japonais) pour le Dafalgan et l’Efferalgan, qui ont exactement le même principe actif que le Doliprane. Or tant Sanofi que UPSA dépendent entièrement des productions étrangères de paracétamol : les États-Unis fournissent notamment 85% du paracétamol utilisé par UPSA, les autres producteurs étant surtout l’Inde et l’Asie.

La question n’est donc nullement la souveraineté française en matière de production de Doliprane, car non seulement Sanofi n’est pas le seul producteur français de paracétamol, mais surtout la production dépend à 100% de l’importation de ce principe actif. Si l’on veut être « souverain », il faut relocaliser en France la production de paracétamol – ce qui est d’ailleurs en train de se faire avec des usines à Agen, Toulouse et les Hautes- Alpes (Seqens, elle-même filiale du fonds américain SK Capital Partners…). Rien à voir avec la cession du contrôle d’Opella à un fonds  américain (CD&R), qui ne menace nullement la production du Doliprane en France. CD&R est un fonds extrêmement solide qui au surplus a une longue expérience (depuis 1978) de présences dans les entreprises en France et dans leur sauvetage.

La seule véritable question légitime qui se pose est de rassurer les salariés des usines françaises d’Opella sur la continuité des activités de l’entreprise. Pour cela, l’État dispose des leviers nécessaires pour exiger des engagements du fonds américain, et pour les faire respecter. C’est ce qu’il entend faire, et cela fait, toute polémique doit s’éteindre. C’est cela qu’il faut surveiller et gérer.

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1 commenter

Dosogne octobre 19, 2024 - 1:44 pm

Se battre pour une usine de conditionnements, la France et surtout ses politiques, est tombée bien bas!

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