Les deux graphiques ci-dessus sont peut-être l’un des guides des plus importants dans la compréhension et l’orientation des politiques de santé. Ils lient les dépenses de santé par tête et le PIB/tête pour près d’une trentaine de pays en 2000 et 2011 en utilisant les chiffres de l’OCDE. Chaque point représente un pays en abscisse par son PIB/tête et en ordonnée par ses dépenses de santé par tête.
Les conclusions que l’on peut tirer de ces graphiques sont assez nombreuses :
1. Les dépenses de santé par individu croissent d’autant plus que le pays est plus riche (la corrélation entre les deux variables est extrêmement élevée comme relevé très tôt par Claude Sicard). On peut tracer une « droite de régression » qui lie les deux variables et la dispersion autour de cette droite est faible ;
2. Il est visible qu’entre 2000 et 2011, la pente de cette droite s’est accrue, signifiant que l’augmentation des dépenses de santé est plus forte avec le revenu en 2011 qu’en 2000. Le niveau de vie des pays s’accroissant, la consommation de santé s’accroît (coefficient d’élasticité déjà publié par Gérard Dosogne de 1,3 actuellement) ;
3. Aux deux dates, la France (point rouge) a ses dépenses de santé plus fortes que ne voudrait la conformité à la pente générale indiquée par la droite, indiquant qu’elle consomme plus de dépenses de santé que la moyenne des pays ayant le même PIB ;
4. La Hollande (point vert) est en 2000 en-dessous de cette droite mais passe au-dessus en 2011, indiquant que les dépenses de santé ont fortement augmenté après les réformes de 2006. La Hollande est cependant à l’équilibre en 2011 pour la dépense publique et est bénéficiaire pour les assureurs privés alors qu’en France, le budget public est toujours déficitaire et que le déficit continue de s’aggraver ;
5. À l’extrémité en haut à droite, figurent les États-Unis ; ils sortent de la droite de régression tant parce que le PIB/tête est plus élevé que pour les autres pays que parce que sa dépense de santé par tête sort manifestement de la moyenne correspondant à son PIB que donne la droite de régression. Pour les partisans d’un contingentement de la dépense de santé, la dépense américaine apparaît comme une hérésie condamnable.
Mais il faut se demander si au contraire les États-Unis ne sont pas le modèle à suivre. Il est certain que la portion du PIB absorbée par la santé est plus élevée aux USA qu’en France par exemple, environ 18% contre 11 à 12. Mais on oublie que la dépense couverte par les organismes de solidarité (voir Santé France-USA : quelques réflexions provisoires), essentiellement Medicaid pour les plus pauvres, CHIP pour les jeunes défavorisés et handicapés, et Medicare pour les plus de 65 ans, cette portion représente environ 8 à 9%, le même pourcentage qu’en France. L’écart de PIB prélevé aux USA par la santé provient de la partie libre qui représente environ la moitié de la dépense de santé alors qu’en France, cette partie libre est limitée à 2 ou 3% par le ministère de la santé qui refuse discrétionnairement aux Français le coût de traitements qui pourraient prolonger leurs vies ou un IRM sans listes d’attente.
Cela nourrit une énorme bureaucratie de contrôle, qui vit allègrement de ces restrictions comme on le verra en regardant les avantages que s’octroie le personnel de la CNAM ;
6. Le Royaume-Uni reste en dessous de la droite indiquant que les dépenses publiques de santé restent contraintes par l’existence du National Health Service, bloqué par son financement par l’impôt.
4 commentaires
questions
on observerait sans doute une regression analogue entre le pib/hab et les dépenses de santé en france en prenant les 20 dernières années…. mais quel est le pays encore plus riche que les usa et en dessous de la droite de régression sur les deux grapniques? la suisse???
questions
la Norvège
Dépenses de santé, cotisations sociales ramenées à 0 et compétitivité des pays
Mon interrogation est la suivante:
– Deux pays "Phoenix" ont ramené depuis 30 ans leur cotisations sociales Part Entreprise à 0 %:
. le Danemark, dès 1984 / 86 les a ramené, 1er au monde, sous l'égide de POOl (ou Paul) Schlüster à 0 %, ne rétablissant qu'en 1990 une cotisation des Salariés à 10 % du brut pour la retraite complémentaire;
. la Nouvelle-Zélande a, 15 ans plus tard, supprimé aussi ces cotisations sociales.
Il est évident que ces mesures furent accompagnées de bien d'autres mesures en faveur de la compétitivité.
Et que ces Cotisations Sociales furent alors prises en charge par le gouvernement central, ce qui explique:
. que les entreprises danoises ne contribuent qu'à hauteur de 8,9 % au budget de l'état, et que ce budget est néanmoins l'un des plus importants au monde (51 % du PIB)…sauf la France bien sûr;
. que l'on peut constater un formidable retour de la compétitivité des industries danoises (Cf. LEGO, les équipements industriels…: j'y achète tous mes équipements de séchage (Cf. mon livre "France Allemagne", aux presses des Mines, où je consacre un chapitre au "come-back" de ce pays ; tout comme des Nouveaux-Zélandais, qui font désormais, sans aucune (autre) subvention à leurs producteurs de lait, la loi pour ce produit et ses dérivés dans le monde…
Question: ces 2 pays sont désormais quasi imbattables en compétitivité (sectorielle) et en en chômage…
Où en sont ils en matière de santé : coût et qualité ??? Merci.
Dépenses de santé, cotisations sociales ramenées à 0 et compétitivité des pays
Le Danemark, avec 34.000 de PIB par tête et de 3.400 de dépenses de santé par tête, est un des deux points presque parfaitement alignés sur la droite de régression. Quant à la Nouvelle Zélande, elle se trouve au-dessus de la droite avec 24.000 de PIB par tête et 1.400 de dépenses de santé par tête.