Page d'accueil Études et analyses De Charybde en Scylla : de l’inflation à la dette ?

De Charybde en Scylla : de l’inflation à la dette ?

par Yves Buchsenschutz
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Depuis la fin de la crise de la Covid, l’explosion du système d’optimisation mondial de la Supply Chain et la guerre en Ukraine, l’inflation s’est brusquement emparée de la plupart des pays du monde et en particulier du monde occidental.

Dans ce tableau général, la France a un comportement assez atypique dans la mesure où, là où de nombreux pays ont atteint ou dépassé les 20 %, les principaux pays de l’OCDE ont pour la plupart frisé les 10 % et la France s’est contentée de 6 % ! Ceci paraît, à première vue au moins, une bonne performance.
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Commençons par voir comment.
La France a continué la politique du « quoiqu’il en coûte » en subventionnant ou soutenant par tous les procédés imaginables le niveau de vie de la population et la consommation.
C’est, par exemple, l’ensemble des primes et aides, énergie ou « Macron », la remise à niveau dès l’été 2022 des retraites, voire les différents glissements salariaux, tout ceci financé en partie par la cagnotte de Monsieur Lemaire mais aussi et surtout par les déficits et l’emprunt. Malheureusement, l’effort consacré aux entreprises a été moins important. Nombreuses sont celles, notamment face à l’explosion des coûts de l’énergie, qui ont dû tout simplement arrêter leur production – ainsi Duralex ou Arques par exemple – ou encaisser des surcoûts insupportables, telles les boulangeries ou autres activités énergivores.
En parallèle, les tarifs des biens de grande consommation sont traditionnellement (et réglementairement) discutés entre les industriels et la grande distribution au premier trimestre de chaque année : ceci explique en partie un report (momentané ?) et l’explosion à retardement des prix alimentaires en particulier. Ils se sont trouvés en quelque sorte « otages » jusqu’à ce début d’année.
On se trouve donc à date devant le réajustement différé, lequel est un peu atténué car entre-temps les prix de l’énergie sont redevenus plus sages sinon au niveau d’avant crise. Les industriels ont l’impression que l’horizon se dégage mais leur endettement, qu’il soit issu directement de la Covid ou bien du pic d’inflation énergético-ukrainien n’est pas résolu et les défaillances arrivent.

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(IPC = Indice des Prix à la Consommation)

En termes de résultats : l’avantage d’une inflation moins forte est que la répercussion dans l’ensemble de l’économie du pays et en particulier dans les salaires est moins importante. La spirale infernale prix-salaires ne s’impose pas avec la même acuité. Les revendications salariales en France, masquées il est vrai en partie par le débat sur les retraites, ont été nettement moins importantes en France qu’en Allemagne ou en Angleterre où les taux d’ajustement revendiqués sont souvent autour de 10 %.

La France devrait donc se retrouver, si ce comportement moins inflationniste se confirme dans la durée, avec une espèce d’avantage en termes de compétitivité-coût[[Le contraire de son comportement historique habituel, la France ayant l’habitude d’avoir une inflation « rampante » plutôt plus importante que les autres pays partenaires de l’euro (entre 0,5 et 1 % ? par an environ).]], ce qui pourrait être un atout en termes d’exportation. Malheureusement, pour le moment, et en tous les cas pour 2022, cela ne se retrouve absolument pas dans notre balance commerciale (voir à ce sujet l’article de Gérard Dosogne, La balance commerciale : juge de paix). À noter que, pour une observation correcte, il faudrait attendre que les systèmes se stabilisent.
En revanche, ces mêmes tableaux reflètent les difficultés de l’industrie française, voire de son agriculture qui sont plus qu’à la peine, y compris dans des domaines où nous avons beaucoup d’atouts tels que les surfaces agricoles et le climat ou le bas coût historique de l’électricité fournie par le parc nucléaire. Ceci milite clairement en faveur de la réindustrialisation. Les Français semblent être une sorte de peuple schizophrène : on constate chaque jour que nos concitoyens veulent travailler moins tout en proposant d’aider plus ! Ce n’est malheureusement pas comme cela que fonctionne l’économie et l’industrie ne pourra plus assurer, a fortiori améliorer, le niveau de vie de la population si l’on continue à en contester par tous les moyens, y compris écologiques et sociaux, l’existence, l’utilité, et, que dis-je, la nécessité ![[Voir l’épopée de la nouvelle usine de Brioche Dorée en Bretagne ou celles des Centres de Recherche de TOTAL et LVMH refusés par les élèves polytechniciens à Saclay. Si ce sont les patrons de demain, les français peuvent préparer leurs mouchoirs.]]

En attendant, la France a, de facto, financé le freinage de l’inflation et la protection des consommateurs par l’augmentation de la dette qui frise désormais les 3000 milliards d’euros ce qui va avoir du mal à s’arranger compte tenu de l’augmentation mondiale des taux d’intérêt.

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Un dopage de l’industrie serait probablement le levier le plus efficace et payant pour :

consolider l’industrie existante
capitaliser sur de nouvelles compétences
développer l’exportation et l’équilibre de la balance commerciale
retrouver une certaine indépendance et autonomie
créer de l’emploi, baisser le chômage et améliorer les comptes
enrayer la croissance de la dette et en particulier son poids relatif

Ce qui ne devrait pas empêcher parallèlement une meilleure maîtrise des dépenses.

 

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