À la différence de la France, la ventilation des créations d’emplois par âge et par taille d’entreprise est considérée comme quelque chose de standard dans la démographie des entreprises aux Etats-Unis. Cela permet en effet de savoir où les emplois sont créés réellement et de bien cibler les efforts fiscaux en matière de création d’emplois. Autrement dit, cela a permis aux Etats-Unis de se rendre compte qu’il leur faut beaucoup de jeunes entreprises, bien dotées en capitaux, qui puissent grossir à long terme. On est très éloigné de la démarche de l’Insee…
L’homologue américain de l’Insee, le Bureau Census, publie chaque année des tables de créations et destructions d’emplois aux États-Unis par âge et par taille d’entreprises. Ils tiennent ces précieuses séries depuis 1977, ce qui permet d’identifier quel type d’entreprises représente le plus fort potentiel en matière de création d’emplois.
À partir des tables du Bureau Census, nous pouvons observer que pour les entreprises qui ont plus d’un an d’existence, le solde entre les créations et les destructions d’emplois au cours d’une année connaît de très fortes fluctuations et reste principalement négatif, quelle que soit la taille des entreprises[[Census Longitudinal Business Database 1977-2014, série « Firm Age by Firm Size »]]. On voit sur le graphique ci-dessous que seules les entreprises nouvellement créées au cours d’une année peuvent en effet fournir un flux constant de nouveaux emplois. Cela permet d’assurer la création permanente de nouveaux emplois dans l’économie américaine.
Sources : Business Dynamics Statistics, Census Bureau ; méthodologie Kauffman Foundation, calculs Irdeme ; champ : total des emplois marchands hors services à la personne, production agricole et chemins de fer.
Dans une économie développée, même quand elle fonctionne bien, les entreprises déjà établies ne sont en général pas créatrices nettes d’emplois sur le long terme, quelle que soit leur taille. Elles assurent plutôt le renouvellement et le remplacement des emplois existants par suppression des emplois dont elles n’ont plus besoin.
Ainsi, quand l’Insee explique dans sa dernière étude sur les entreprises de taille intermédiaire (entre 250 et 5.000 salariés) sont les championnes de la création d’emplois, on peut se demander si cela ne constitue par une anomalie française, conséquence d’une économie trop rigide qui ne favorise pas suffisamment l’éclosion de nouvelles pépites. Entre 2009 et 2015, les ETI ont créé 337.500 emplois. Sur la même période, les grands groupes ont un solde négatif de 80.700 emplois et les micro-entreprises affichent elles aussi un recul de 98.900 emplois en équivalent temps plein (ETP).
En effet, aux Etats-Unis, les ETI, et notamment celles qui ont plus d’un an d’existence, ne jouent pas un rôle important en matière de création d’emplois. En moyenne, elles assurent seulement 35% de toutes les créations nettes d’emplois aux États-Unis sur la dernière décennie. Ainsi, ce sont les entreprises nouvellement créées au cours d’une année qui assurent la quasi-totalité des nouveaux emplois, et elles compensent chaque année les destructions d’emplois par des entreprises existantes.
Lecture : La création annuelle nette d’emplois est assurée par les start-up. Le solde entre les créations et les destructions
d’emplois par les ETI ne represente que 25% de toutes les créations.
Source : Bureau Census, calculs Irdeme.
L’Insee quant à elle continue de publier le nombre d’entreprises nouvelles créées sans salariés afin de dissimuler que la naissance d’entreprises employeuses est extrêmement faible en France.
2 commentaires
Rigidités inexplicables ?
Bonjour,
responsable de PME, j’échange souvent avec des confrères. Nous arrivons tous à la même conclusion : nous avons de moins en moins de réponse à nos offres d’emploi, et, fait nouveau, les candidats convoqués ne viennent même pas au RDV. Comment expliquer cela ?
Ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières et non l’inverse !
L’éclosion d’une nouvelle manufacture quelque soit sa taille est un évènement remarquable à plus d’un titre* : ce sont des projets, des études, des essais, qu’il s’agisse d’agriculture ou d’élevage ou encore du domaine de la transformation alimentaire, quant aux produits industriels la cause est « presque » entendue, la France peut accuser une quasi faillite de ce secteur sans parler des grandes entreprises . . .
*je ne parlerais pas des commerces quels qu’ils soient pour une raison majeure : ils ne créent pas la richesse de base et à ce titre n’ont pas ce mérite, ils sont de plus à 99% non-exportateurs.