Nos députés, à l’Assemblée, ne parviennent pas établir le budget de la nation pour 2026.
Nous avons un montant de dépenses publiques considérable, de 8 points de PIB supérieur à la moyenne européenne, soit 230 milliards d’euros de trop en 2024 ; et aucun de nos hommes politiques n’ose prendre le risque d’avancer des propositions pour les réduire.
Alors, on s’emploie à imaginer de nouvelles recettes, bien que nous ayons déjà le taux le plus élevé de prélèvements obligatoires de tous les pays européens.
On a donc pensé à remettre en vigueur l’IFI, et on l’appellerait cette fois l’ « Impôt sur la Fortune Improductive », le député européen Raphaël Glucksmann, très marqué à gauche, propose une taxe de 2 % sur le patrimoine des contribuables ultra-riches, et il est question, maintenant, d’un emprunt obligatoire à taux actuariel nul, remboursable en trois ou quatre ans, auquel seraient contraints de souscrire les contribuables les plus aisés résidant dans notre pays.
En France, depuis la « Grande Révolution », on ne s’arrête donc pas de lutter contre les « riches ».
Il faut bien voir qu’il existe un continuum qui va des « sans-culottes » de 1789 déclarant « Il ne faut pas hésiter à encourager la haine des riches, c’est-à-dire des méchants : il faut tout sacrifier au bonheur du peuple », à François Mitterrand au pouvoir, en 1981, avec son fameux « Programme Commun de la gauche » et les communistes à sa suite, en passant par la « Commune de Paris » en 1871, la Charte d’Amiens en 1906, le « Front Populaire » en 1936, et le Programme du Conseil National de la Résistance qui a été élaboré dans la clandestinité sous l’égide de la CGT, et appliqué tel quel en 1945.
Et nous avons, aujourd’hui, Jean-Luc Mélenchon qui est à la manœuvre : il se pose en révolutionnaire avec son parti « Les Insoumis » et le mouvement qu’il anime, intitulé « Nouveau Front Populaire » (NFP). Il bloque en permanence le fonctionnement de nos institutions et il gonfle d’illusions ses aficionados, leur disant : « Votre vie aura changé pour le meilleur : un autre monde est possible ».
Il a publié, en septembre 2023, un ouvrage intitulé : « Faites mieux », titre qui fait allusion à la marche des femmes sur Versailles les 5 et 6 octobre 1789 pour ramener le roi et sa famille à Paris : « On fera mieux cette fois-ci », dit-il à ses partisans. Il est notre nouveau Robespierre, menant à son tour un combat acharné contre les riches : il a déclaré, par exemple dans un meeting à Angers : « Il est immoral d’être milliardaire : tout ce qui va aux plus riches a été retiré à ceux qui produisent ».
La France en est donc toujours à avoir une partie de sa population qui se révolte contre une autre. Mais tous les Français ne sont pas d’accord sur la manière d’accéder à ce monde meilleur dont chaque Français rêve : pour les uns, c’est par le travail et la créativité, en entreprenant et en prenant des risques ; pour les autres, c’est en extorquant les riches, en exigeant d’eux qu’ils partagent avec les autres leurs richesses, ceci au nom des principes républicains de justice, d’égalité, et de fraternité.
Les Français ont une très longue tradition de luttes sociales et politiques, et cela fait deux siècles et demi que l’on lutte, en France, contre les riches, et ces combats ont conduit à ce que l’économie de notre pays finisse par être déprimée et apathique, comme nous le voyons aujourd’hui.
Nous avons l’économie la moins dynamique de tous les pays européens, avec une dette qui est devenue une des plus élevées de tous les pays européens.
Et les Français, de ce fait, ne se sentent pas heureux. Dans la dernière édition du « World Happiness Report » de l’ONU, notre pays, en matière de « bonheur », vient seulement en 33e position dans le monde.
L’ONU mesure le degré de bonheur des populations, et il ressort de ces enquêtes que « bonheur » et « PIB per capita » vont de pair ; et, en fait de PIB/capita, nous ne cessons pas de régresser : nous étions, en Europe, en 7e position en 1980, et nous ne sommes plus, maintenant, qu’à la 14e place.
Il faut donc comprendre ce qu’il se passe.
On a eu, avec la civilisation industrielle, à nouveau deux classes qui se sont affrontées : celle des « bourgeois-capitalistes » d’un côté, comme les ont nommés Karl Marx et Friedrich Engels, et, de l’autre, celle des « prolétaires », celle-ci se trouvant, nous dit le marxisme, asservie à la précédente.
Et la dialectique marxiste a trouvé dans la classe ouvrière française un terrain d’élection extrêmement favorable du fait de l’expérience des luttes de 1789. Il y eut, en 1906, l’élaboration par le IXe congrès confédéral de la CGT de la « Charte d’Amiens » : les congressistes optèrent pour la motion de Victor Griffuelhes, le secrétaire général de la CGT, qui fixait comme objectif au syndicalisme français « l’expropriation capitaliste », c’est à dire la dépossession des patrons de leurs outils de travail, avec, comme moyen d’action, la « grève générale ».
C’est cette motion d’inspiration marxiste qui triompha, et à la quasi-unanimité (830 voix sur 839 votants) : elle donna pour rôle au syndicalisme, en France, de transformer la société par l’accaparement par la classe ouvrière de la nation des outils de production aux mains des patrons (l’ « expropriation capitaliste ») ; et elle stipula que le syndicalisme devait agir en toute indépendance des partis politiques.
Il était dit, dans la motion Griffuelhes : « Le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, demain groupement de production ». L’objectif final assigné au syndicalisme a donc été d’établir une société à la façon dont les bolcheviks l’institueront, plus tard, en Union Soviétique.
La France est le seul pays européen où le syndicalisme s’est voulu révolutionnaire : partout, ailleurs, il a été réformateur. Ainsi l’Allemagne, par exemple, en est arrivée à la cogestion des entreprises ; et, en Suisse, il y eut, en 1937, un accord passé entre les syndicats et le patronat qui s’est appelé « La paix dans le travail », et il n’y eut plus jamais de grèves importantes dans ce pays.
Si toutes ces luttes menées par les syndicats, en France, n’ont pas permis d’atteindre les objectifs fixés à la Charte d’Amiens, elles ont conduit à l’obtention d’« acquis sociaux » extrêmement importants, bien supérieurs à ceux des autres pays, si bien que l’économie est devenue de moins en moins compétitive : un grand nombre de firmes industrielles ont disparu, et la France est devenue le pays le plus désindustrialisé d’Europe, la Grèce mise à part.
Le pays s’en est trouvé appauvri, et pour pallier les déficiences de l’économie les pouvoirs publics ont augmenté de plus en plus leurs dépenses publiques, et notamment sociales, pour fournir à la population un niveau de vie supérieur à celui que l’économie était en mesure de lui procurer.
Il en a résulté que, depuis cinquante ans, le budget de la nation est en déficit chaque année, et que la dette du pays a fini par devenir supérieure au PIB.
Par une approche économétrique on peut estimer que l’État français, par les dépenses publiques considérables qu’il effectue, procure aux Français un niveau de vie 18% supérieur à celui que l’économie du pays est capable de leur fournir, et cela se fait en recourant, chaque année, à de l’endettement.
Cette « solution » touche maintenant à sa fin, et la croissance de l’économie étant très faible, il va falloir réduire drastiquement les dépenses publiques et il en résultera un abaissement automatique du niveau de vie des Français.
Si les pouvoirs publics ne le font pas, ce sera le FMI qui interviendra, comme cela a été le cas en Grèce, en 2010 : pour la France, ce sera extrêmement humiliant, et, pour la population, une épreuve particulièrement douloureuse à subir.
On peut calculer qu’avec une économie croissant à 1% par an, et en bloquant les dépenses à leur niveau actuel, il faudrait faire 265 milliards d’euros d’économies pour en être à un déficit budgétaire de 3 % du PIB en 2029. On voit que la bataille contre le risque d’intervention du FMI est très loin d’être gagnée !
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