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Chômage, victoire de l’égalitarisme

par Bernard Zimmern
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Il y avait une fois des entrepreneurs, ouvriers, contremaîtres, commerciaux sortis du rang et qui pour s’élever, innovaient créaient des produits depuis l’humble briquet jusqu’à la télévision en passant par la poêle sans gras.

Le métro, la photographie, la fermeture éclair, le béton armé sont les monuments à la mémoire des inconnus qui ont créé le cadre de vie dans lequel vivent les foules ; elles ignorent jusqu’à leur nom sauf lorsqu’il y reste attaché, comme la Tour Eiffel.

Mais ces inconnus ont eu le tort de devenir riches en réussissant, en exportant, en bâtissant et en faisant travailler leurs compatriotes.

Et tout occupés à développer leurs affaires, à investir, à prendre des risques, à inventer l’avenir, ils n’ont pas vu venir la classe parlante.
La classe parlante est un enfant de la démocratie où ceux qui comptent sont les plus nombreux, pas les riches ou les créateurs mais les pauvres, les paresseux, les timorés, les profiteurs.

La classe parlante comprend tous ceux qui ont compris cette grande faille de la démocratie et qui ont envahi l’espace du verbe pour embrigader le plus grand nombre à leur profit. On y compte en tête les politiciens, suivis par les journalistes dont 90% sont sortis des écoles du socialisme dont Sciences Po, puis les professeurs passés par Normale Sup et les hauts fonctionnaires issus de l’ENA.

Quel que soit le parti au pouvoir, c’est cette classe parlante que l’on entend dans les rapports dont on nourrit le grand public, jamais les entrepreneurs ; ceux-ci sont trop absorbés par leurs entreprises et la construction de l’avenir, par la nécessité de résister à la concurrence ou aux vents contraires de la conjoncture pour expliquer leur rôle, expliquer qui ils étaient et pas le masque dont on les a affublés.

Toute la classe parlante s’est donc mise à dénoncer les riches, à expliquer que loin d’avoir créé de la richesse, ils l’avaient dérobée, qu’heureusement l’État, défenseur des pauvres et des opprimés, venait les protéger et rétablir l’équité en distribuant l’argent de ces riches.
Mais comme il fallait respecter les formes, comme il n’était plus possible de confisquer en nationalisant comme cela avait été déjà fait en 1981 car cela avait tourné à la catastrophe économique, c’était par des voies moins visiblement créatrices de chômage qu’il avait fallu procéder pour exproprier les entrepreneurs : prélèvements fiscaux au nom de la justice sociale, prélèvements sociaux pour protéger, secourir, aider, subventionner, subventionner, subventionner.

Peu importait que les riches ne puissent plus investir, l’État allait le faire à leur place. Avec une efficacité cent fois moindre. Mais qui s’en apercevrait ? Ceux en charge de distribuer ou de financer avec l’argent des autres ne seraient certainement pas amenés à se plaindre publiquement car, se servant au passage, cela aurait été avouer leur duplicité.

Le socialisme a échoué au XXème siècle parce qu’il a été trop brutal, parce qu’il a atteint une autre valeur encore plus fondamentale que la richesse : la liberté.

Mais en faisant croire au peuple que c’était lui qui reprenait au nom de la justice ce qui lui avait été dérobé, la classe parlante a su éviter l’écueil sur lequel s’était brisé le socialisme au XXème siècle.

Un seul obstacle se dressait encore devant son triomphe : les descendants anglo-saxons de Luther. Ils enseignaient que la richesse n’est pas un mal mais un bien commun, qu’être pauvre et miséreux, ambition de beaucoup de pays catholiques, n’est pas un idéal pour l’homme sauf quand il est à l’abri du besoin.

Ils avaient su créer un concurrent dangereux du socialisme : la philanthropie ; permettre aux riches de ne pas consommer leur richesse en beuveries, en femmes et en voitures mais la mettre au service de leurs semblables à travers des fondations, des institutions sans but lucratif, dédiées à la santé, l’enseignement, la culture au profit des masses.

C’était une concurrence redoutable pour le socialisme, car la philanthropie qui passe par des dons spontanés et non par l’imposition forcée, exige du bénéficiaire du don de mériter ce don aux yeux du donateur, d’être meilleur que les autres, et elle introduit le poison le plus redouté par le socialisme : la concurrence, la différence par l’excellence.
C’est un poison violent pour le socialisme qui vit de l’uniformité imposée par l’État au nom de l’égalité.
Toujours à l’avant-garde des révolutions, la France avait donc mis en place les défenses qui interdisent la diffusion de ce poison : couper les vivres de la philanthropie, éviter que des cliniques privées, des universités privées, des centres de recherche privés ne viennent faire concurrence aux services publics et fassent éclater aux yeux du peuple leurs délabrements, leurs inefficacités, leurs prévarications. Et quand leur interdire leur financement s’avérait impossible, comme ce fut le cas pour l’enseignement privé, l’acheter, le corrompre.
La France est maintenant à la tête d’un mouvement mondial vers le socialisme et fière d’afficher par son chômage sa victoire sur les riches.

Elle affiche même qu’il ne s’agit pas d’une défaite du socialisme mais de son avant-garde ; il faut en remercier la classe parlante puisque ses éléments les plus avancés, ceux sortis de ses meilleures écoles, ont commencé à infecter les derniers survivants anglo-saxons de la croyance en la création, l’innovation, l’entreprise comme ascenseur social. Grâce à la classe parlante locale, ils sont parvenus à diffuser qu’il fallait enlever leur argent aux riches, que l’État était plus capable qu’eux d’investir et de la faire avec cette justice sociale dont eux, la classe parlante, sont les grands prêtres et les seuls défenseurs.

 

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8 commentaires

ecobiznessangel juin 28, 2015 - 1:17 pm

Classe parlante et classe … partante !
Voter avec ses pieds, tout en regrettant d'abandonner son pays aux "parlants", et, de plus en plus, l'action des "agissants". Les jeunes en particulier ont compris que l'avenir pour eux et leurs familles était ailleurs qu'en France : à Singapour, à New Delhi, aux USA, ailleurs, ailleurs, ailleurs…

Je suis personnellement en liaison avec certains d'entre eux. Ils ne regrettent rien.

Alors pourquoi ce combat Bernard Zimmern ? Parce que vous y croyez encore ? Parce que vous êtes patriote ? Rêveur ? Ou finalement, révolutionnaire ?

La "métamorphose" dont parlent de grandes voix : Edgar MORIN, Patrick VIVERET, et quelques autres,
serait-elle déjà, malgré les apparences et les chiffres assassins, en marche ?
Comme la chenille que l'on ne voit pas, que l'on néglige, mais qui va se transformer en papillon ? Le cocon des jeunes français est bien à l'étranger ?

Allons, enfants de la Patrie, le Jour de partir est arrivé. Ne pas gémir, agir ! Donc partir… Pour mieux revenir, en créant une agence ou une succursale, en France, en s'alliant aux Chinois, aux Indiens, aux … anglais ?

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JimCH juin 28, 2015 - 1:42 pm

Belle analyse
Belle analyse
Plus brutalement, j'ajouterais que la classe parlante leader, les politiques et les leaders syndicaux, visent un objectif qui est leur enrichissement personnel aux dépens de l'appauvrissement des autres

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Lancrenon juin 28, 2015 - 2:42 pm

Belle analyse !
Analyse qui va faire grincer bien des dents. Mais le problème est que notre système est devenu d'une perversité redoutable. Même celles et ceux qui accréditeront vote analyse restent et resteront confortablement assis à leur poste… Sans crier haro sur les fonctionnaires, il faut reconnaître que les abus se sont entassès et que l'on a découragé les plus ambitieux ; les mettant dans des petites cases en fonction de critères dépassés, les empêchant de faire mieux par souci d'égalitarisme primaire.

Pour étayer l'un de vos paragraphes, il faudrait reprendre une comparaison qui parle d'elle-même, celle des dons en provenance des particuliers. La France est en queue de peloton par rapport aux pays industrialisés. Serions-nous radins et égoïstes ? Non. Mais à force de nous accabler de charges, de taxes et autres impôts… À force de nous laisser entendre que l'État s'occupe de tout… À force de tuer l'initiative… On se replie sur soi-même et on finit par ne compter que sur l'État. Beaucoup de nos compatriotes ne se disent-ils pas : "Pourquoi donner à telle association, à tel organisme ? Alors que l'État s'occupe de tout. Mes impôts doivent servir à ça".

La première des réformes à initier est la réforme des mentalités. Cest la plus urgente et la plus difficile à mettre en œuvre. Faut-il que nous nous enfoncions encore davantage pour que les Français réalisent enfin que nous marchons à rebours du reste du monde ?

La sémantique est à revoir. La "classe parlante" comme vous le dites, nous martèle de mots et d'expressions visant à tromper le peuple dans le but de le maintenir en état de léthargie. D'un ton méprisant, les "bien-installés" dans leurs fauteuils – avec leurs privilèges dans chaque main – parlent de précarité dès qu'il s'agit de petits boulots, de jobs, de CDD, de temps partiel, de travail à temps choisi… Méprisant ainsi celles et ceux qui prennent leur vie en main et tuant l'initiative par pure idéologie.

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Régis juin 28, 2015 - 3:22 pm

"La propriété c'est le vol"
Il y a plusieurs façons de devenir riche :

1. HERITER. A l'échelle d'une population entière, cela ne concerne qu'une toute petite minorité. Mais si les héritiers ne se contentent pas d'être de simples rentiers et savent faire fructifier l'héritage, ils contribuent beaucoup à l'essor de l'économie, des entreprises, et donc de l'emploi. Pour ne citer que quelques exemples issus du Top 10 des grandes fortunes, les Koch et les Walton aux Etats-Unis, les Bettencourt, Dassault, Castel, Wertheimer, en France, en sont de brillantes illustrations.

2. VOLER OU PARIER. On ne saurait trop le recommander car la moralité n'y trouve pas son compte, le risque de se faire prendre est grand, et la probabilité de gain important est très faible.

3. ENTREPRENDRE ET REUSSIR. Pour tous ceux qui partent de 0, c'est sans aucun doute la meilleure chance d'y arriver. La encore quelques exemples fort connus sont toujours mis en avant. Les Bill Gates et autres Steve Jobs aux USA, les Patrick Drahi et Xavier Niel en France. Il y a quantité d'autres exemples moins connus du grand public, tel le Français Mohed Altrad qui vient d'être désigné entrepreneur mondial de l'année.

Il y a donc un lien évident entre l'entreprise et la richesse. Et comme les seuls réels créateurs d'emplois durables, d'emplois "marchands" (oh quel gros mot !), sont les entreprises, il y a une corrélation certaine entre emplois et richesse. N'en déplaise aux idéologues, l'existence et l'émergence de riches propriétaires (à partir de quel patrimoine doit on considérer que l'on est riche ?) conditionnent les créations d'emplois.

Alors, quand la classe parlante est encore imprégnée de l'idéologie anarchiste du XIXème siècle et d'un Proudhon qui écrivait que "la propriété c'est le vol", comment s'étonner de la faible création d'emplois en France !

Car effectivement la classe parlante, les politiques et les journalistes en premier, sont ceux qui suscitent et font les lois et règlements. Aucun n'a jamais dirigé une quelconque entreprise "privée", n'a jamais pris le moindre risque entrepreneurial. Ils n'ont pas la moindre idée des ressorts qui font qu'un entrepreneur se lance dans l'aventure.

Mais comme ils sont devenus riches, ce qui est presque immoral, taxons les ! Le cumul des taxes sur les entreprises et sur le patrimoine est totalement confiscatoire en France. Taxer les revenus du capital, y compris du capital à risque telles les actions, comme les revenus est une ineptie totale qui a découragé nombre d'entrepreneurs et investisseurs, qui préfèrent s'exiler ou ne plus entreprendre.

On pourrait multiplier les exemples précis. Citons en un seulement : le non report des déductions fiscales pour les investissements dans les PME au titre de l'ISF (alors que le report fonctionne pour les dons aux oeuvres). Cela plafonne stupidement les investissements dans les nouvelles entreprises seules créatrices d'emplois nets.

Ajoutons y toutes les tracasseries administratives et sociales qui pèsent sur les entreprises, et hélas chaque fois que l'on annonce une mesure de simplification, on en annonce concomitamment plusieurs de complication (les comptes pénibilité) ou bien on les assortit de réserves (les seuils des effectifs à l'essai pour 3 ans ….), et on comprendra pourquoi les entrepreneurs français préfèrent aller tenter leur chance ailleurs.

Tant que le slogan de la classe parlante ne sera pas 'Enrichissez vous, créez votre entreprise !", le mal français persistera et la courbe du chômage ne s'inversera pas ou pas suffisamment.

Les Chinois, beaucoup plus pragmatiques que nous, ont compris qu'en libérant l'économie, à défaut de libérer l'expression politique et la démocratie, cela provoquerait un boom économique et susciterait de multiples vocations d'entrepreneurs. Et des emplois même s'ils sont parfois en dehors des normes sociales admissibles chez nous. Nous pouvons quand même leur adresser un grand merci car c'est grâce à cela que le nombre de touristes chinois qui viennent en France explose !

A mauvais entendeurs, point de salut.

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Yves Montenay juin 28, 2015 - 5:41 pm

Bravo !
Courage, continue !

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Jean-Xavier ROCHU juin 29, 2015 - 2:06 pm

Combler les lacunes de formation de la classe parlante
Les membres du comité central du parti communistes chinois ont passé 5 ans dans le privé à vivre de leur salaire avant de commencer leur carrière publique.
Que ne nous en inspirons-nous!
Commençons par choisir les membres de l'Education Nationale parmi des acteurs de la vie économique à laquelle leurs élèves vont agir.
Interdisons les fonctions électives aux fonctionnaires lorsque leur taux dépasse celui de la communauté pour laquelle ils travaillent.
Tous les 10 ans les fonctionnaires devraient passer 3 à 5 ans dans des équipes rémunérées en fonction du chiffre d'affaires qu'elles produisent.

etc … Les idées ne manquent pas pour que la communauté française ne soit pas structurée en fonction d'un succès obtenu un fois dans sa vie, sur une épreuve universitaire très éloignée de la vraie vie …

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Droulet juillet 1, 2015 - 3:02 pm

J'ai tout compris
J'ai tout compris
D'un côté les gens qui, quel que soit le moyen utilisé se sont enrichis, avec pour certain d'entre eux un travail infernal et c'est à leur honneur.
ÇA CE SONT LES BONS
De l'autre, ceux qui sont restés pauvre, avec pour certains d'entre eux un travail acharné malgré tout
ÇA SE SONT LES MÉCHANTS

J'AI BON DOCTEUR ?

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Valérie juillet 2, 2015 - 7:19 pm

J’ai tout compris
J’admire que vous divisiez encore le monde entre les bons et les méchants. Je ne suis plus resté assez enfant pour cela. bz

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