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Accor-Air France : les bonnes idées suscitent souvent l’incompréhension

par Hervé Gourio
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L’annonce des approches prêtées à Accor en direction d’Air France déclenche des commentaires surannés. Décidément notre cher pays vieillit de plus en plus et semble incapable de comprendre le XXIème siècle ! C’est au moins ce que nous montrent les réactions des médias.

On nous ressort l’histoire des échecs du passé. D’abord franco-français bien sûr ! Ni Méridien ni Air France n’ont bénéficié de leur rapprochement dans les années 90. Les clients d’AF ont été conduits dans des hôtels qui étaient bien rarement les plus compétitifs de la destination, y compris ceux de Paris. Réciproquement, qu’elle incitation pouvaient avoir les clients des Méridien à voler sur AF à part quelques points de fidélité, qui avaient quand même alors le mérite de la nouveauté.
Les journaux français ont oublié la tentative la plus folle dans la même veine. Le président de United Airlines à la même époque a voulu réunir Hilton et Hertz dans le même consortium imprudemment nommé Allegis. Comme si les clients des 3 leaders allaient se soumettre à cette préférence mutuelle, cette allégeance, imposée ! Allegis n’a pas duré 3 ans.

Ces rappels sont de l’histoire ancienne. 50 ans ont passé ! Accor a compris qu’AF KLM, plombé par les blocages politiques et syndicaux français, pourrait bien bénéficier d’un changement d’actionnaire de référence.

Accor en fait a changé de métier ces dernières années. Cette société avait à l’origine, l’ambition d’être la plus attrayante de tous ses concurrents hôteliers, pour les voyageurs. C’est ce que les fondateurs avaient bien réussi à faire en lançant des motels quasi américains dans la campagne française dans les années 60. Aujourd’hui Accor gère une trentaine de marques. Chacune essaye d’être attrayante pour un segment de clientèle, mais pas forcément la plus compétitive pour ses clients. En tout cas pas universelle. L’offre prolifère, se diversifie et innove sans cesse. Le vrai client d’Accor devenu seulement manager, c’est le propriétaire immobilier qui lui confie la gestion d’un hôtel d’un certain type au milieu d’un portefeuille très varié d’hôtels de tous types. Pour l’emporter sur ses 3 ou 4 concurrents mondiaux dans ce métier, Accor doit prouver qu’il est le meilleur gestionnaire d’hôtels de tous types dans le monde.
On peut aisément imaginer qu’une présence influente dans une compagnie aérienne aidera à convaincre les groupes immobiliers à contracter avec Accor plutôt que, disons avec Hilton ou Intercontinental. Cette perspective devrait rassurer les actionnaires actuels d’Accor sur les risques nouveaux générés à l’occasion de cette prise de participation.

Dans cet accord, Air France y trouvera-t-elle son compte ? Incontestablement oui si comme on peut raisonnablement l’espérer l’influence d’Accor conduit à libérer cette entreprise du fardeau de ses obligations traditionnelles de « compagnie nationale ». On ne peut que questionner aujourd’hui la coexistence dans la même entité a) d’une compagnie partie intégrante d’un des 4 réseaux mondiaux aériens, b) d’une compagnie européenne low cost, et c) de ce qu’on appelait autrefois une compagnie « charter ». La question est encore plus pertinente quand, dans ces 3 types de métiers, les concurrents apparaissent redoutables et que l’on n’a pas une compétitivité assurée.

Dans la situation d’aujourd’hui, le doute subsistera sur la capacité du nouveau dirigeant en cours de recrutement, à redresser ou à céder chacun des 3 business si différents. Au moins, éloigner l’Etat des manettes permettra de rendre la fonction de dirigeant attrayante pour les candidats les plus aptes à réussir les redressements.
Ce n’est pas le chemin que prend publiquement la ministre des transports ce matin, en donnant la priorité à la définition de la stratégie avec ses actionnaires actuels !
On ose espérer qu’elle tient en privé avec les candidats un discours diffèrent et n’exclut pas par principe la cession de la participation de l’Etat à Accor.

On ne va pas vous garantir que ce rapprochement va réussir, mais au moins, s’il ne marche pas, ce ne sera pas pour les mêmes mauvaises raisons que les échecs du XXème siècle.

 

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