L’emploi est au cœur du redressement de notre pays. S’il ne commande pas tout, énormément de paramètres lui sont liés : de quoi vivre, le statut social, le logement, la retraite, la santé, le financement des dépenses collectives… En fait on peut assez facilement vérifier que « si l’emploi va, tout va ! ». Si le nombre d’emplois est suffisant la machine économique et sociale fonctionne. Quel programme d’urgence le prochain président pourrait-t-il mettre en œuvre pour redémarrer rapidement ce cercle vertueux ?
Des études plus détaillées ont permis de vérifier que ce qu’il faut absolument créer, ce sont des emplois marchands (emplois privés) en quantité importante et suffisante : en une vingtaine d’années, la France a pris un retard d’environ 6 millions d’emplois marchands à population égale par rapport à l’Allemagne, au Royaume-Uni et aux USA. À noter que, à date, et toutes choses étant égales par ailleurs, chaque tranche de 200.000 emplois marchands nouveaux, non seulement diminue le nombre de chômeurs, mais de plus crée environ 10 milliards d’euros de recettes supplémentaires pour financer les frais collectifs.
Ces emplois manquants ne seront pas créés par les entreprises existantes. Ils le seront plutôt par des entreprises nouvelles créées par des entrepreneurs « à risque » nouveaux ou expérimentés mais le plus souvent avec l’aide de ces derniers, tant financière que technique et managériale. Si l’on souhaite réellement créer des emplois à terme il faut enfin que ces nouvelles entreprises démarrent avec une certaine ambition de taille : 1 à 2 millions de capital, de l’ordre d’une dizaine d’employés et un chiffre d’affaires visant rapidement la dizaine de millions d’euros.
Tout porte à croire que nous sommes, pour de multiples raisons, devant une grève larvée et souterraine des entrepreneurs, de la création d’entreprise et en conséquence de l’emploi. Il s’agit d’une crise de confiance.
Forts de cette constatation, les Entrepreneurs pour la France ont sélectionné cinq mesures phares susceptibles de déclencher un choc de création d’entreprises nouvelles, elles-mêmes capables de créer de nouveaux emplois marchands massivement :
● Syndicats : transformer les organisations représentatives des salariés de menaces permanentes en accélérateurs sociaux économiques.
● Licenciement : assouplir définitivement le marché du travail en rendant naturelle et facile l’adaptation permanente de la force de travail aux besoins réels de l’entreprise, tant en termes de volume que de qualification. La protection de la rente des insiders, bloque de fait l’embauche des entrants.
● Investissements dans les jeunes pousses : assurer une rémunération équitable du risque pris par les entrepreneurs-investisseurs. Sans espérance raisonnable de gain (en général à 20 ans !) ou avec une fiscalité confiscatoire, les gens fortunés – lesquels sont les seuls raisonnablement à même d’investir – ne reprendront pas le chemin de l’entreprise et de l’industrie.
● Durée du travail : adopter des conditions générales de travail qui soient compétitives par rapport à nos concurrents naturels (OCDE) : durée du travail de référence de 39 heures sauf accord plus favorable d’entreprise, durée annuelle minimale de 1.750 à 1.800 heures – en particulier dans les fonctions monopolistiques publiques, jours de carence, resserrement de l’indemnisation du chômage, etc.
● Poids de l’Etat : abaisser les coûts supportés par l’entreprise en France, en diminuant significativement les charges reposant sur l’emploi, par une meilleure productivité des fonctions publiques, une diminution de ses domaines d’intervention, voire un report sur d’autres bases de financement.
● Chômage des jeunes : pour un résultat de moyen terme, refonder immédiatement et en profondeur le système d’apprentissage français qui est à date une quasi négation de l’entreprise. En parallèle, remettre au service de cette dernière et du salarié dans le cadre de son emploi, la formation permanente.
Moyennant ces chocs importants et simultanés, nous ouvririons enfin une certaine perspective à la création d’emplois, laquelle n’est pas une donnée finie à partager comme une tarte, mais un réservoir de progrès à explorer, pourvu que les entrepreneurs et les chômeurs s’en donnent la peine.