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Lecture. Bardell : Ce que veulent les francais

par Alain Mathieu
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(Fayard, octobre 2025)

Dans  ce livre, Jordan Bardella décrit en détails la vie de 19 interlocuteurs :

  1. un petit pêcheur du Midi de la France;
  2. un boulanger de village que la hausse du prix de l’électricité, résultant de règles européennes absurdes, oblige à fermer ;
  3. un immigré italien devenu restaurateur ;
  4. un éleveur de  300 vaches charolaises, accablé par les normes européennes, traité par les agents de l’Office français de la biodiversité « comme un dealer »;
  5. une avocate parisienne devenue magistrate, se plaignant du nombre insuffisant de places dans les prisons ;
  6. un policier  courageux envoyé au Bataclan le 13 novembre 2015 ;
  7. un militaire envoyé en Afrique, se plaignant de l’insuffisance des moyens militaires ;
  8. une infirmière libérale de Guadeloupe, se plaignant de la vie chère  et des coupures d’eau potable;
  9. un médecin en soins palliatifs , lesquels  «ne sont accessibles qu’à 50% de ceux qui en auraient besoin »;
  10. un sidérurgiste de Florange, délégué syndical ;
  11. un pompier de l’incendie de Notre-Dame ;
  12. la repreneuse d’un restaurant breton ;
  13. un chauffeur de taxi parisien ;
  14. la maire d’un village de 800 habitants se plaignant de la bureaucratie ;
  15. une professeure d’Anglais aux prises avec des perturbateurs ;
  16. un champion de karaté ;
  17. un expert-comptable devenu galeriste ;
  18. une franco-israélienne dont la famille a été décimée à Gaza ;
  19. un expatrié à Mascate analyste financier.

Jordan Bardella décrit en détail leur CV avec une sympathie qui rend ce pensum lisible sans grand effort, presque agréable à lire. Une performance !

La plupart de ses interlocuteurs sont modestes ; aucun cadre supérieur, ni haut fonctionnaire, ni patron de grande ou moyenne entreprise, ni salarié d’entreprise.

La plupart sont accablés par les impôts et les normes administratives. Tous les fonctionnaires se plaignent de leur manque de moyens.

Jordan Bardella ne donne aucune précision sur les mesures à prendre, aucun chiffre sur les dépenses publiques supplémentaires et les réductions d’impôts préconisées. Certes son livre n’est pas, et n’est pas fait pour être, un programme électoral. Les gabegies publiques et les économies de dépenses publiques à réaliser ne sont pas abordées, sauf le nombre de fonctionnaires « dans les bureaux » et quelques fraudes sociales à sanctionner.

Il tire cependant de ces conversations certaines conclusions générales :

  • Les aléas climatiques sont « de plus en plus féroces ». Aucune preuve n’en est donnée.
  • « L’absence de tout protectionnisme européen » fait gagner les industriels chinois
  • (sans se demander ce qu’un tel protectionnisme ferait perdre à nos exportateurs dans le cas prévisible de réactions protectionnistes chinoises).
  • De même le Mercosur est à proscrire, sans demander leur avis aux exportateurs dont il augmenterait les ventes.
  • « Faute de volonté politique », la répartition autoritaire des marges entre les agriculteurs et les grandes surfaces, votée par le Parlement, n’est pas appliquée, au détriment des agriculteurs. L’interventionnisme étatique est ainsi préconisé.
  • « Porter à 3% du PIB le budget militaire est un impératif. « A chaque grand moment de l’Histoire, l’Armée française a répondu présente à l’appel de la Nation ». Il faut bien draguer un peu les voix des militaires.
  • « La désindustrialisation est due à « l’enfer fiscal et normatif » (ce qui n’est pas faux) et au « refus du patriotisme économique » (ce qui est contestable).
  • « Il faut conditionner l’accès aux marchés publics à des critères de production locale»  (et donc augmenter les impôts puisque les achats publics seront plus chers).
  • « une hiérarchie technocratique non élue a confisqué la démocratie ». Et pourtant il faut une « nationalisation temporaire « de Florange (qui ne serait pas technocratique ?).
  • « La France ne pourra continuer indéfiniment à financer ses dépenses sociales par la dette » (ce qui est vrai, mais devrait conduire à préciser les moyens de réduire les dépenses).
  • « Entreprendre est un chemin de croix ». Quelles mesures le rendraient plus attractif ?

A trente ans, Jordan Bardella est devenu un véritable homme politique, démagogue, peu courageux pour les réformes impopulaires et favorable à l’intervention de l’État. Sa candidature aux postes de Premier ministre ou de Président de la République ne deviendra crédible qu’avec un programme électoral précis et sérieux.

Il doit en outre coller à son mentor Marine le Pen, qui fait voter des impôts sur les entrepreneurs et souhaite baisser l’âge de la retraite. Comme il déclare qu’il « ne cache pas qu’il est de droite », et qu’elle montre qu’elle ne l’est pas, ce ne sera pas facile !

A-t-il réfléchi à une règle de la Vème République, la trahison des dirigeants par leurs ministres : de Gaulle par Pompidou et Giscard, Giscard par Chirac, Chirac par Balladur et Sarkozy, Sarkozy par Bayrou, Hollande par Macron, Macron par Bayrou, Attal et Philippe. Et Jean-Marie le Pen par sa fille !

Jordan Bardella retardera au maximum sa trahison.

Pour que le parti qu’il préside acquière la crédibilité nécessaire pour arriver au pouvoir, il devra non seulement proposer un programme électoral sérieux, mais aussi se résoudre à la trahison.

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