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Relance de la croissance : une nouvelle politique ?

par Bernard Biedermann
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Selon les dernières estimations de l’INSEE, le PIB du troisième trimestre 2025 a progressé de 0.5 %, ce qui est supérieur à ce qui avait été prévu. La confiance des ménages, ainsi que leurs consommations augmentent légèrement. Les industriels anticipent une hausse de la demande.

Concernant le PIB 2026, les prévisions  annuelles de la Banque de France (+0.9 %) et celles de l’OFCE (+0.7 %) sont moins optimistes. Dans le contexte politique actuel la finalisation du budget subit les contraintes des objectifs d’équilibres dans le moyen terme alors que la situation économique de la France devrait imposer les choix d’une politique économique de long terme. Se pose alors la question d’une nouvelle politique de relance de la croissance.

 Par la consommation ?

Le niveau d’incertitude que subissent les ménages est actuellement très élevé, ce qui réduit la consommation et accroît une épargne mal orientée.

Le niveau du pouvoir d’achat est la préoccupation qui se situe désormais au-dessus de la problématique sécuritaire. On le constate quotidiennement dans la grande distribution avec des baisses des achats des produits de base et en fin de mois avec des comptes bancaires débiteurs.

Le secteur de l’immobilier est évidemment concerné par un faible niveau des achats et par des niveaux de prix de location élevés autour des grandes villes.

Dans ces conditions, des hausses de salaires nets dans le privé sont difficiles à envisager, compte tenu des résultats financiers des entreprises selon lesquels les Excédents Bruts d’exploitations dans la valeur Ajoutée sont les plus faibles parmi 25 pays européens.

De plus la répartition des E.B.E. selon la taille des entreprises est très inégale, ce qui explique le taux de faillite important de PME. Dans la fonction publique, compte tenu des objectifs budgétaires, on se situe également dans une situation difficile à gérer.    

Par l’Investissement ?

Envisager une politique de relance de l’investissement consisterait à reconnaître l’insuffisance  de la politique de l’offre des dernières années. Il n’en reste pas moins que « la France a un gigantesque problème d’offre, une offre de biens et services de moyenne gamme peu compétitive en dehors de quelques secteurs d’excellence (défense, aéronautique, luxe, services industriels, et, dans une moindre mesure, chimie, pharmacie, agroalimentaire).

De fait, nous ne vendons pas assez de biens manufacturés haut de gamme pour compenser nos importations d’énergie et de biens manufacturés. » (Christian Saint-Etienne). Et pour vendre plus il faudra plus de facteur de production mis à niveau par des investissements, c’est-à-dire de la FBCF (Formation Brute de Capital Fixe). La FBCF résulte des décisions prises dans les entreprises sur la base de business plans dont les chiffres d’anticipations sont influencés par le niveau d’incertitude, par la vision de l’avenir ainsi que par les résultats financiers du présent et du passé.

Il serait souhaitable que la vision de l’avenir soit plus optimiste, que les attitudes de management comportent plus de détermination, de confiance, et de convictions dans le cadre des processus de décision. Et surtout, des objectifs d’innovations permanents. Ces comportements s’avèrent trop faibles dans la conjoncture française actuelle et devraient être une préoccupation prioritaire des dirigeants politiques pour lancer des nouvelles réformes conçues avec les entrepreneurs.

La deuxième nécessité d’investir concerne la productivité du capital et du travail qui devrait être augmentée pour améliorer les E.B.E., ce qui favoriserait les investissements de production, permettrait d’être plus compétitif au niveau international et déterminerait beaucoup d’entreprises à s’impliquer sans retard dans les nouvelles technologies qui constituent une véritable révolution.

Dans ce domaine l’État pourrait lui aussi s’impliquer plus fortement, dans le domaine des administrations, parce que cela générerait de nouveaux secteurs dont le privé pourra bénéficier. C’est également au niveau de la recherche (type CNRS) qu’il faudra s’améliorer (dans le PIB, le pourcentage de la recherche aux États-Unis est le double de celui de la France).

Par la finance ?

Comme le suggère la BPI, les entrepreneurs doivent améliorer leurs échanges avec leur banquier notamment, en maîtrisant leurs dossiers financiers, en préparant un dossier clair et structuré, en adoptant une bonne posture et en faisant preuve de discernement.

Ceci afin d’éviter « que les demandes de financement échouent souvent en raison d’une inadéquation entre le discours tactique et opérationnel des dirigeants et l’attente d’une vision stratégique et financière des financeurs » (Julie Lamy, responsable financement à la CCI Paris Ile-de-France). La CCI suggère également   de privilégier des financements bancaires avec différé de remboursement. Concernant l’épargne, il est de plus en plus proposé que les placements soit plus orientés vers l’investissement de production.

En réformant le marché du travail ?

Les nouveaux investissements, les innovations, les nouvelles cultures de management comprenant des objectifs de productivité, se concrétisent par de nouveaux besoins de recrutements dont les profils ne sont pas toujours disponibles sur le marché de l’emploi qui se caractérise par des inadéquations de l’offre et de la demande.

Il faudrait imaginer une réforme de l’éducation nationale pour faire en sorte que les jeunes diplômés candidatent beaucoup plus tôt avec des formations correspondant mieux aux demandes des entreprises.  Concrètement l’enseignement devrait, avec pédagogie, parler de tous les métiers et de la vie de l’entreprise, de telle sorte que les élèves apprennent à choisir leur avenir en tenant comptes des réalités contemporaines.     

Par les exportations ?

Les gains de productivité, les investissements dans l’innovation de nouveaux produits et services, des nouvelles cultures de management, un marché de l’emploi bien adapté, auront un effet positif sur le marché des exportations. Il convient cependant de s’adapter au nouvel ordre mondial notamment par des stratégies de diffusions évolutives.

De ces quelques suggestions susceptibles d’être développées, nous insistons sur les faits suivants :

  • Qu’on est dans le long terme et non pas dans la gestion actuelle du budget d’État ;
  • Que les objectifs d’une croissance continue du PIB, d’augmentation du niveau de vie, de la réforme de l’éducation nationale, d’une balance des paiements à l’équilibre, … nécessiteront des actions continues, bien ciblées et de la patience ;  
  • Qu’il n’y a pas de solution « baguette magique » pour, plus de travail ;
  • Qu’il faudrait plus de méthode d’analyse comme par exemple sur le projet de budget dans lequel des réductions de dépenses sont négatives pour la production lorsqu’elles concerne directement les entreprises ;

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