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Politique :  fake news, rêves et violences

par Yves Buchsenschutz
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Nous assistons ces derniers temps à une curieuse évolution de la politique. Certes cette activité a toujours comporté une part non négligeable de rêves, de promesses non tenues, d’intimidations diverses et d’invectives, mais il semblait néanmoins au fil du temps que l’on observait une civilisation progressive du débat public. Nous nous en éloignons en fait à grands pas et ceci au détriment de la démocratie et surtout du fonctionnement efficace de nos sociétés, si tant est qu’il puisse exister…

Un citoyen français lambda, à ce jour, est principalement concerné par le fonctionnement de son pays, de celui du club européen auquel nous avons adhéré volontairement, ainsi qu’à celui de quelques grandes puissances internationales qui pilotent, qu’on le veuille ou non, le destin du monde et indirectement, celui de nos concitoyens : principalement les États-Unis, mais également la Russie et la Chine.

Avant d’examiner de plus près le fonctionnement de notre pays, réglons les cas des « grandes » puissances : la France a eu la chance de se trouver un peu par hasard associée au camp des vainqueurs du dernier conflit mondial et, à ce titre, les valeurs « universelles » reconnues jusqu’à maintenant, et symbolisées par l’ONU et ses pseudopodes, sont proches de nos valeurs historiques1. Ces valeurs sont (malheureusement ?) de plus en plus contestées par des pays dont la puissance mondiale s’accroît chaque année, en particulier la Chine et accessoirement la Russie. De notre point de vue ces deux pays ont néanmoins – d’après nos critères – choisis des régimes dictatoriaux ou a minima de démocrature, dont le fonctionnement est assez souvent en contradiction avec nos choix nationaux. Nous avions pu écarter les régimes « communistes » au prétexte de l’inefficacité économique. Le cas actuel de la Chine, même moins flamboyant à court terme, est plus incertain. Dans tous les cas ces deux pays revendiquent désormais ouvertement une part plus importante dans la gouvernance mondiale. Un troisième agrégat, les phénomènes migratoires mondiaux, interroge par ailleurs chaque jour le fonctionnement des pays dits développés dont au demeurant la démographie s’écroule.

Surtout, les États-Unis, qui « règnent » sur le monde depuis près d’un siècle, donnent tout à coup un spectacle inattendu : le clivage républicain démocrate n’est pas nouveau et peut tout à fait se comprendre. Il est d’ailleurs reproduit dans la plupart des démocraties sous la forme d’aile gauche plutôt progressiste et d’aile droite plutôt conservatrice : ce qui est nouveau c’est l’accentuation des tendances contradictoires entre ces deux modèles au point de devenir tellement antinomiques, qu’ils aboutissent à l’invective, aux fake news,  quand ce n’est pas à l’escroquerie,  voire à la limite du coup d’état. Plus personne n’a une idée des programmes des candidats et les votes semblent aujourd’hui s’offrir simplement au plus offrant ! ou à celui qui manifeste ou invective le plus fort.

Côté Europe, ces États-Unis de l’Ancien Monde en construction, sont empêtrés dans la transition climatique et un fonctionnement de coalition/fédération que les français ne comprennent et ne maîtrisent pas.

Revenons maintenant à la France. Une suite imprévue de circonstances place aujourd’hui notre pays dans une situation très inconfortable. L’histoire n’est pas nouvelle : la France vit peu ou prou au-dessus de ses moyens depuis de longues années, au moins 1981. Elle accumule les records de mauvaises notes : déficit public, dettes, balance commerciale et des paiements déficitaires, prélèvements publics extravagants, fiscalité écrasante, suradministration…

Le dernier à avoir voulu s’attaquer au problème, le président actuel, a échoué devant la résistance organisée à toute réforme un peu importante du mode de fonctionnement redistributif et quoi qu’il en coûte, cher à notre pays.

Le résultat des dernières élections à de plus coupé la France en trois (sans compter des subdivisions souvent subtiles mais qui embrouillent encore le problème) donc pas de majorité évidente. Ceci a-t-il entraîné des recherches de solutions au cas par cas, voire un contrat de gouvernement ? Que nenni !

La principale conséquence est que l’on est passé du mensonge à l’invective et de l’invective à la violence.

À qui peut-on faire croire sérieusement que l’on peut augmenter les salaires de 20 % un beau matin lorsque l’on fait partie du club de l’euro et que notre baguette magique historique (la dévaluation ) ne peut plus être activée ?

À qui peut-on faire croire que sans productivité on peut continuer à diminuer le taux d’emploi et le temps de travail ? Et même simultanément améliorer le niveau de vie ?

À qui peut-on faire croire que l’augmentation de la durée de vie2 n’aura pas de conséquences sur la répartition du temps de vie entre l’éducation, l’activité productive et la retraite ?

À qui peut-on faire croire qu’il est normal que 7 millions d’actifs sur un total de 27 bénéficient de régimes spéciaux centenaires et irréformables ? Et pourtant les Français ont voté tranquillement en fonction de ces paramètres sur lesquels les élus d’aujourd’hui s’appuient pour tourner en rond.

Quand ce n’est pas eux directement d’ailleurs, car ils sont le plus souvent occupés à faire carrière, ce sont des catégories professionnelles entières qui descendent dans la rue et cassent sans discernement, réclamant ensuite l’aide de l’État pour payer la facture : les agriculteurs, la SNCF, les manifestants de gauche ou de Corse, les Martiniquais, les Calédoniens … Tous les prétextes sont bons.

La situation financière de la France est catastrophique : remarquons que le nouveau premier ministre, Michel Barnier tente désespérément de faire baisser le déficit budgétaire annuel à 5 % en 2025 et 3 % en 2029 (qui le croit possible ?). Même s’il réalisait cette performance incroyable, on oublie de dire que la dette continuera à augmenter chaque année du montant du déficit résiduel!  

Obtenir une prolongation n’a jamais été gagner le match. Pour avoir une chance de s’en sortir il faudrait, comme le soulignait malignement Monsieur Cette3, augmenter massivement le taux d’emploi , sans d’ailleurs préciser de quels emplois il s’agit (en tous les cas certainement pas de fonctionnaires ou de régimes spéciaux) faire des économies de fonctionnement et arrêter les distributions générales4

Ensuite seulement mais ensuite, demander un effort, temporaire peut-être sur la fiscalité dont nous sommes déjà les champions du monde, et ceci, modulé probablement, mais à tout le monde ! Soyons honnêtes pour une fois, la justice fiscale consiste en général à faire payer les autres et les Français quoiqu’on en dise vivent encore dans un pays développé mais c’est à crédit !

Cela, il est vrai, a toujours une fin !

  1. Un français René Cassin, prix Nobel de la paix, a largement participé à la rédaction de la charte des droits de l’homme à l’ONU et le général De Gaulle a réussi à faire admettre en 1944 aux Américains que la France serait gouvernée par les Français et non par une administration militaire américaine. ↩︎
  2. plus de 30 000 centenaires en France aujourd’hui ! ↩︎
  3. Monsieur Cette est Président du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) ↩︎
  4. avant d’acheter quelque chose, vérifier soigneusement qu’il n’y a pas une distribution gratuite en cours : même pour les talons de chaussures ! ↩︎

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2 commentaires

Jacques Benilan octobre 25, 2024 - 9:55 am

Merci à YB de cette excellente synthèse qui explique bien notre situation présente : qui réussira à nous en sortir ?

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moulingm octobre 26, 2024 - 10:30 am

Le principe de la solution est celui de M. Cette : augmenter le taux d’emploi. Ce que la France ne sait pas faire depuis des décennies. Le pari à faire est connu : oser libérer fortement (pas à petite dose micronienne) les entreprises des charges et contraintes qui ne laisse vivre et vivoter qu’une partie des entrepreneurs.

voir et écouter Agnès Verdier-Moliné devant l’institut diderot :https://www.institutdiderot.fr/parole-dexperts/interview-dette-deficit-depenses-impots-normes-comment-preparer-la-france-de-2050/

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