Aussi incroyable que cela paraisse, il semble que le Crédit Suisse se soit laissé berner par le gang des égalitaristes.
Quel est ce gang ? C’est une brochette d’économistes qui ont fait leur réputation sur un thème majeur : les inégalités, car ils avaient compris très vite qu’il s’agit d’un thème politique qui sert la gauche et que leur avancement, leur réputation, leur stature, seraient assurés en s’en emparant et en associant leurs travaux à la dénonciation des inégalités.
Pourquoi parler de « gang » ?
Parce qu’ils se sont remarquablement organisés en s’appuyant sur les travaux des uns et des autres pour constituer une doxa contre laquelle aucun économiste n’ose plus se dresser.
Cela se fait très simplement en citant les conclusions des autres, ce qui oblige le contradicteur à effectuer des recherches prenant énormément de temps pour trouver où est la faute dans la chaîne logique.
Ainsi, dans son manifeste « pour une révolution fiscale »,Thomas Piketty annonce que le maximum de Laffer pour la France est autour de 75 à 80% (que le taux d’imposition qui donnerait le produit de l’impôt maximum serait autour de 80% des revenus) mais il s’appuie pour cela sur un coefficient estimé par un de ses complices, Emmanuel Saez, et il faut aller assez loin dans les travaux de Saez pour découvrir que le fameux coefficient est mesuré sur des statistiques de revenus supérieurs au million de dollars mais, seulement, sur des revenus salariés ; alors que les revenus réels aux USA au-delà du million sont essentiellement constitués de revenus financiers.
Quels économistes font partie du gang ?
Beaucoup sont cités dans le texte du Crédit Suisse écrit par un économiste, Anthony Shorrocks, et son équipe : Piketty (à 6 reprises page 118, page 119, page 120), Atkinson et Wolff (page 118), tous repris dans la bibliographie, en y ajoutant Saez et Bourguignon.
François Bourguignon est intéressant car il était l’un des rapporteurs du conseil d’analyse économique créé par Lionel Jospin et l’auteur d’un rapport célèbre à ce conseil déclarant que les prélèvements obligatoires français, en pourcentage du PIB, n’étaient pas plus élevés que ceux des États-Unis lorsqu’on intégrait les contributions volontaires ; nous avons montré dans Les Profiteurs de l’État que c’était faux de plus de 10% du PIB, une bagatelle, et surtout, du fait d’ « erreurs » qu’un économiste ne pouvait commettre sinon intentionnellement.
Le gang s’est considérablement renforcé avec deux prix Nobel, Joseph Stiglitz et Paul Krugman. Stiglitz a été président du « Council of Economic Advisers » sous Bill Clinton, un poste essentiellement politique. Krugman est éditorialiste au grand journal démocrate, le New York Times, depuis 1999.
Atkinson, pardon, sir Antony Atkinson, est un économiste britannique qui enseigne dans plusieurs universités dont la London School of Economics et, dit Wikipédia, a été l’initiateur au Royaume-Uni des études sur les inégalités ; on retrouve donc son nom dans de nombreux articles ou revues, associé à Stiglitz, Piketty, etc.
Richard D.Wolff est un économiste vivant à Manhattan et que le New York Times aurait nommé « l’économiste marxiste le plus connu ». C’est lui qui suit attentivement le Survey of Consumer Finances et dont nous avions rapporté l’étonnement lorsqu’il avait découvert que 75% des « riches » figurant dans le 1% étaient des entrepreneurs qui n’étaient même pas incorporés (ou plus exactement dans des entreprises avec moins de 5 actionnaires liés par un pacte).
Pour un aggiornamento.
Que le Crédit Suisse se soit abandonné aux sirènes des égalitaristes est aussi un symbole du peu de résistance offerte par les économistes « sérieux », et il en existe dont nous avons cité les travaux.
Pourtant, il y a pour ces économistes un champ énorme à défricher : montrer que les riches sont essentiellement ceux qui font la croissance, pas ceux qui en profitent, et que le manque de riches mettant la France dans les pays les plus égalitaires, n’est pas une vertu mais un vice, conduisant notre pays à être celui où le chômage est le plus important et le plus persistant.
2 commentaires
Crédit Suisse .4. Le gang des égalitaristes
bravo il faut enfoncer le clou
je trouve que le biais le plus pernicieux vient de l’analyse à un moment donné , alors qu’il faut mettre les inégalités en perspective chronologique : l’étudiant méritant est pauvre meme si ses parents sont riches d’ailleurs , 40 ans après il peut etre riche et 5ans après de nouveau moins riche ou meme pauvre encore car la richesse n’est pas un état ni un acquis elle varie à chaque instant selon les décisions prises ,bonnes ou mauvaises
et effectivement ce sont les riches qui fabrique de la valeur c’est meme comme cela qu’ils deviennent riches
Crédit Suisse .4. Le gang des égalitaristes
Vous avez raison d’inciter au recul et à la prudence devant les soit-disantes découvertes et affirmations de certains économistes réputés dont une certaine vision purement macroéconomique (sans même parler de leurs erreurs que vous vous efforcez de relever) leur suffit pour émettre ou laisser croire de prétendues vérités que la microéconomie (finalement peu pratiquée par beaucoup d’économistes) vient contester à juste titre.
Le malheur en France réside dans l’absence d’esprit critique audacieux devant les affirmations et soit-disantes démonstrations d’inspiration collectiviste ou communautaire comme si elles étaient seules à représenter la bonne, la vraie, la juste et l’exacte vérité bonne à dire dans les grands media.
Merci encore à vous.