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3 mythes sur l’entrepreneuriat

par Dominique Mercier
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La Kauffman Foundation, organisme américain spécialiste de l’entrepreneuriat, rappelle à l’occasion d’une vidéo quels sont les mythes tenaces qui faussent notre vision de la dynamique entrepreneuriale.

La Kauffman Foundation rappelle tout d’abord que ce ne sont pas les petites entreprises mais bien les jeunes entreprises qui sont le moteur d’une économie. La différence entre ces deux assertions peut paraitre faible mais en réalité elle est de taille. S’il est évident qu’une entreprise est en général petite avant d’être grosse, nombreuses sont les entreprises qui naissent petites et qui le restent définitivement, n’ayant ni l’ambition ni l’idée nouvelle innovante qui leur permettrait de grossir et de tirer véritablement vers le haut la croissance économique de leur pays.

Ce point est important car il a des conséquences considérables en termes de type de politiques économiques à mettre en œuvre. En effet si l’on admet que les entreprises déterminantes pour l’emploi sont les entreprises qui n’existent pas encore ou qui existent tout juste, on constate tout l’illogisme du pacte de responsabilité : celui-ci prétend faire s’engager le Medef – représentant bien davantage les entreprises existantes et anciennes – à créer de l’emploi.

Le graphique ci-dessous, tiré de la Kauffman Foundation à partir des données américaines, montre bien la corrélation entre la jeunesse et la création d’emploi par une entreprise :

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La Kauffman Foundation rappelle ensuite une autre vérité importante, à savoir que les États doivent renoncer à vouloir créer leur nouvelle Silicon Valley. Beaucoup d’hommes politiques en ont rêvé, il existe une littérature abondante donnant les recettes pour y parvenir mais la Silicon Valley est de fait un lieu unique au monde qu’il serait illusoire de vouloir reproduire.

La volonté du gouvernement français de faire du plateau de Saclay[[Le coût total du projet Paris-Saclay avoisinerait les 5 milliards d’euros, dont environ 2,5 milliards pour la création d’une nouvelle ligne de métro qui serait la moins fréquentée d’Ile de France.]] la nouvelle Silicon Valley apparait donc en totale contradiction avec ce constat. Sur son site Internet, la Kauffman Foundation rappelle en outre les ingrédients indispensables pour un écosystème entrepreneurial : des véritables entrepreneurs d’un côté et des business angels et capitaux risqueurs de l’autre. Rappelons que la Silicon Valley originelle ne s’est pas créée par volonté étatique mais au contraire par le jeu des acteurs privés. Or la nouvelle Silicon Valley telle qu’imaginée dans la pensée française comprendra essentiellement des grandes écoles et universités publiques ainsi que des centres de recherche publics. On y trouvera semble-t-il davantage d’étudiants que d’entrepreneurs, davantage de chercheurs que de capitaux risqueurs. Ce qui manque en France, ce n’est donc pas le « Paris-Saclay » mais un environnement favorable pour les entrepreneurs et les investisseurs grâce à une fiscalité attractive et un droit du travail plus souple.

La Kauffman Foundation dénonce enfin un dernier mythe, celui des vertus miraculeuses qu’auraient les incubateurs d’entreprises. La région Ile-de-France se targue du nombre d’entreprises aidées par son réseau d’incubateurs, soit 200 start-up accompagnées chaque année pour des levées de fonds totales d’environ 50 millions d’euros. Ces incubateurs sont des structures où les start-up en phase d’amorçage et de décollage reçoivent « un accompagnement personnalisé, un programme d’animations et de formations sur-mesure, une offre d’hébergement adaptée, l’accès au fonds Paris Innovation Amorçage ainsi qu’à un réseau unique de jeunes entreprises, d’investisseurs, d’experts de la création d’entreprises et de grands comptes. »[[ http://www.parisregionlab.com/]]

Si les montants levés de 50 millions d’euros sont d’une part loin d’être à la hauteur de l’enjeu – il faudrait en lever 4 milliards annuellement pour redresser notre dynamique entrepreneuriale – il existe d’autre part de sérieux doutes sur la pertinence de telles structures, par comparaison avec un accompagnement « classique » par des business angels ou investisseurs providentiels. Cette question a fait l’objet d’une étude d’ampleur par un professeur d’entrepreneuriat à la Syracuse University, plus précisément sur plus de 20.000 start-up et sur une durée de plus de vingt ans. L’auteur a trouvé qu’au total le taux d’échec parmi les entreprises en incubateurs était « beaucoup plus élevé que pour les entreprises n’étant pas passées par un incubateur »[[ http://boss.blogs.nytimes.com/2013/08/12/assessing-the-impact-of-business-incubators]].

Outre ces réserves d’ordre général, l’examen plus détaillé de l’initiative francilienne d’incubateurs laisse encore plus dubitatif. L’accompagnement individuel est en effet assuré par « un chef de projet dédié ». Ce chef de projet a pour rôle de mettre l’entrepreneur en relation avec des « intervenants nécessaires à la croissance de son entreprise », c’est-à-dire des « experts », des « grands comptes », des « organismes financiers » et des « prestataires ». Le site internet ne mentionne donc à aucun moment des anciens entrepreneurs ou investisseurs providentiels. L’entrepreneur a accès, il est vrai, à plus de soixante animations annuelles: si les modules proposés semblent pertinents, il en est un qui semble remarquablement attester des déficiences françaises : « Réussir sa levée de fonds aux USA ».

 

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