Hors de tout pro- ou anti-Sarkozysme, un ancien bâtonnier, Nicolas Repiquet, s’insurgeait récemment contre la garde à vue infligée par deux magistrats, appartenant par ailleurs au Syndicat de la magistrature, à celui qui fut président de la République. Il rappelait que « la garde à vue est une mesure exceptionnelle et à laquelle il ne doit être recouru que si c’est «l’unique moyen» d’empêcher notamment que la personne entendue ne modifie les preuves ou indices matériels ou ne se concerte avec d’autres personnes susceptibles d’être ses coauteurs ou complices ».
De cet épisode, il nous semble que Nicolas Sarkozy pourrait tirer un enseignement majeur, essentiel, s’il revient à la magistrature suprême : le danger de toutes les écoles auxquelles nous avons confié de former nos fonctionnaires.
Ce sont en effet des juges appartenant au Syndicat de la magistrature dont on sait les opinions politiques très marquées, qui lui ont infligé cette garde à vue ; et c’est la très grande majorité des magistrats, formés à l’École nationale de la magistrature de Bordeaux, qui rejoint ce syndicat.
Au lieu de confier leur magistrature aux élèves formés dans une école de la République, d’autres pays préfèrent les choisir au sein de la société civile, dans le secteur privé en les élisant parmi les avocats ou les juristes formés pour défendre tout un chacun. Des magistrats sélectionnés sur un concours passé à 20 ou 22 ans, et de ce fait isolés du reste de la société, font-ils de meilleurs juges que ceux, issus de cette société, après avoir démontré leur expérience ?
Mais la réflexion pourrait aller beaucoup plus loin car, pourquoi avoir créé une école des directions d’hôpitaux à Rennes ? Nicolas Sarkozy ne pourrait-il se demander si des hôpitaux publics ne seraient pas mieux gérés s’ils étaient dirigés par des médecins, comme c’était le cas en France avant la dernière guerre et dans l’immédiat après-guerre, ou actuellement dans les hôpitaux et cliniques privés ?
Et à l’Élysée où il était secondé ou plutôt entouré d’énarques, que dire des résultats de sa présidence ?
Il répondrait vraisemblablement que sans énarques comme relais, il aurait été incapable de gouverner. Il n’est pas de décision politique qui puisse aboutir sans un accord de la direction du Budget, plus généralement de Bercy où l’Énarchie occupe plus de la moitié des postes les plus élevés dans la hiérarchie. Les 5.000 anciens élèves de l’ENA ne sont-ils pas beaucoup plus influents que les 20.000 anciens élèves de Polytechnique ou que ceux sortis seulement de HEC, Essec, Centrale, etc. ?
Alain Madelin s’en était bien aperçu en 1986 lorsque, responsable de l’Industrie dans le ministère Chirac, il avait essayé de réduire son budget la première année et de se passer à son cabinet des inspecteurs des Finances. Il avait dû faire marche arrière la seconde année, ré-augmenter son budget, embaucher des Inspecteurs à son cabinet, faute d’arriver à faire passer des mesures du fait du barrage du reste de l’Administration.
Il est donc vrai que le principal problème du futur dirigeant de la France pour sortir celle-ci de la spirale de déchéance économique et sociale où elle est plongée, est d’abord de casser la dictature sur les politiques économiques et sociales, qu’impose de fait une petite minorité, quelques centaines d’individus fonctionnaires, dont 99% n’ont jamais mis les pieds dans une entreprise privée.
Le destin d’une nation doit se décider en faisant participer à l’élaboration des politiques publiques toutes les couches de la société ayant réussi leurs carrières et pas seulement une petite minorité sélectionnée sur la base de concours passés à 25 ans.
Le premier signe qui montrera que nous sommes sur la bonne voie de casser cette dictature, sera le jour où Bercy, ou plus exactement sa division statistique de l’INSEE, aura reconnu la catastrophe pour l’emploi à laquelle ont abouti 30 ans des politiques de Bercy pour éviter d’encourager les créations de vraies entreprises.
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Garde à vue : le message des écoles de l’État à Nicolas Sarkozy
C’est à se demander pour quelle raison ce pays se bloque dès qu’une réforme pointe son nez.