On peut se poser la question après l’explosion du vice-chancelier allemand, pourtant socialiste, dénonçant 500 milliards d’augmentation de la facture énergétique en raison de l’abandon du nucléaire et du développement du renouvelable.
Nous posions déjà la question il y a des années en demandant si les défenseurs de l’énergie photovoltaïque avaient décompté dans leurs bilans sécurité le nombre de blessés et de morts tombant des toits.
Une interrogation plus sérieuse se pose à propos de l’avenir des générateurs de quatrième génération où la France avait une avance internationale.
Est-elle en train de la perdre, ou même l’a-t-elle déjà perdu grâce au mouvement écologique ?
Nous sommes heureux de présenter l’analyse de Maurice Reyne.
POURQUOI AVOIR ABANDONNE LE SURGÉNÉRATEUR ?
À la veille d’importantes décisions gouvernementales concernant la transition énergétique il est souhaitable de faire le point sur l’état de notre pays en ce domaine. En rappelant qu’énergie et croissance sont concomitantes.
Nos réacteurs nucléaires de fission REP classique (58 en France) ou EPR mieux sécurisé (4 en cours de réalisation dans le monde), fonctionnent tous avec de l’U 235 fissile que l’on doit séparer de son isotrope l’U 238 qui lui n’est pas fissile et qui devient un déchet.
De ce fait, nous disposons actuellement d’une réserve de déchets pouvant couvrir plusieurs centaines d’années de consommation (environ 3.000 ans !), qui représente ainsi une source d’énergie durable.
Or, on avait réalisé en 1984 à Creys-Malville un surgénérateur dit « Superphénix » à neutrons rapides refroidi par du sodium qui pouvait brûler de l’U 238. Celui-ci, après plusieurs prototypes fut conçu en grandeur nature pour alimenter le réseau national en se substituant aux REP. Ce qu’il fit effectivement, mais il connut des perturbations, le sodium étant particulièrement difficile à maîtriser (fuites dues à un mauvaise nuance d’acier), et, malgré des progrès, il fut arrêté en 1997 suite à de nombreuses manifestations écologistes.
Ce qui provoqua une perte de « savoir-faire » de 20 ans, un déclin de notre pays en ce domaine… et un retour offensif de nos concurrents.
Toutefois, un nouveau prototype, « Astrid », sécurisé (réacteur de 4ème génération), fut conçu mais, par négligence, ignorance, ou mauvaise volonté, il est resté dans les cartons depuis 2012, alors qu’il constituerait l’outil de base d’un renouveau énergétique qui pourrait assurer notre indépendance.
A-t-on encore le droit d’attendre ?
Hélas, de l’avis de tous ceux qui gravitent autour du développement du réacteur de quatrième génération, il est infiniment peu probable que cette date soit respectée (vers 2030) compte tenu du faible budget qu’on lui a alloué – 800 millions d’euros – et, surtout, compte tenu de toutes les inerties et de tous les retards qui s’accumulent. Le manque d’entrain des pouvoirs publics actuels, pour qui ce projet est très loin d’être une priorité, et leur constante pression pour différer ou rogner l’allocation des fonds, sont la principale cause de ces inerties et retards. Tout ceci se ressent dans la chaîne de commandement et se traduit par le découragement des gens qui travaillent sur son développement.
André Pellen, président du CCRR, Ingénieur du parc électronucléaire d’EDF