Il est frappant de constater que l’Amérique a des dépenses de santé environ doubles des dépenses françaises, en pourcentage du PIB, mais que les pourcentages du PIB couverts par l’État sont sensiblement égaux. Ce qui fait l’écart sont les dépenses couvertes par le secteur privé. Grâce au secteur privé, l’emploi dans l’activité santé est, proportionnellement, beaucoup plus élevé aux USA qu’en France. Que se passerai-t-il en France si nous libérions la santé du quasi-monopole confié à la Sécurité sociale ?
Aujourd’hui, le poids du secteur public dans les deux pays est comparable et se situe autour de 8%. Les dépenses publiques de santé ont même crû plus vite aux États-Unis qu’en France au cours des cinquante dernières années avec un point de départ plus faible en 1960.
Quant au secteur privé, il a connu une expansion remarquable aux États-Unis grâce à la concurrence entre les assurances privées et représente maintenant plus de la moitié de la santé américaine contre seulement 23% en France.
La concurrence dans la santé s’est donc traduite par une émergence du secteur privé deux fois plus important aux États-Unis qu’en France.
Étant donné que la densité de médecins et d’autres personnels de la santé se situe actuellement à 58.37 pour 1000 habitants aux États-Unis contre 38.35 en France, voici une niche où nous pourrions créer des emplois tout simplement en laissant place à la concurrence et en éliminant les multiples blocages imposés par l’État au développmenet des dépenses de santé.
Si le privé pouvait prendre la même place dans le PIB, cela représenterait 1.270.000 emplois supplémentaires pour la France. Mais le privé est actuellement bloqué dans son développement par une foule de réglementations dont l’objet est essentiellement de conserver à la Sécurité Sociale son monopole, en bloquant les dépenses et les investissements. Ce monopole interdit de facto que des activités de santé privées puissent exister, non remboursées par la Sécurité Sociale et les mutuelles dans son sillage, au nom d’un égalitarisme qui s’est transformée en hypocrisie et nous garantit un déficit croissant de la Sécu qui écrase le budget public.
France | États-Unis | |
Nombre d’emplois | 2 433 000 | 17 416 000 |
Nombre d’emplois pour 1000 habitants | 38.35 | 58.37 |
Source : OCDE, données 2006, les secteurs pris en compte ISIC 851-853 activités pour la santé humaine, activités vétérinaires, activités sociales.
Un exemple des blocages de dépense de santé par l’Avenue de Ségur (ministère de la Santé).
Il n’est pas possible d’ouvrir une imagerie médicale et d’installer des scanners ou des IRM sans une autorisation du ministère de la Santé. Nous avons même connu une imagerie médicale à Marseille qui ne demandait aucun remboursement de la Sécurité sociale et qui a été fermée. Cette paralysie étatique pour conserver le monopole de le Sécurité sociale profite peut être au personnel de la Sécu, qui n’a pas diminué malgré les progrès de l’informatique, et aux radiologues, mais fait que la France se situe au niveau de la Slovénie pour le nombre d’appareils.
Nous ne rentrerons pas dans le débat sur le taux de couverture par le privé, mais remarquerons simplement que sur 41 millions d’Américains non assurés, point de départ de la réforme d’Obama, il y en avait seulement 6 millions qui n’étaient pas assurés depuis plus de 18 mois.
Par ailleurs, les systèmes européens type Beveridge ou Bismarck sont supposés éviter les inégalités imputées aux systèmes d’assurance privée, mais quand on voit les soins privés supplémentaires ajoutés au Royaume-Uni pour les cadres d’entreprises au-delà du NHS, ou les possibilités d’être bien soigné par les hôpitaux en France en payant les grands professeurs en privé, on se demande s’il ne s’agit pas d’une grande hypocrisie. Elle justifie une puissante bureaucratie mais c’est l’ensemble de la population qui en souffre.