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Philanthropie, la concurrence étranglée par l’Administration

par Bernard Zimmern
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Le secteur philanthropique est exsangue en France : les Français donnent par habitant environ 10 fois moins que les Américains, 2 fois moins que les Britanniques et un tiers de moins que les Allemands. [[voir http://www.irdeme.org/Geographie-des-organismes-de.html; les comparaisons sont un peu moins mauvaises si l’on intègre dans les dons ceux à des associations. D’après la meilleure spécialiste française, Édith Archambault, le total des dons approcherait les 4 milliards d’euros.]]
L’INSEE, dans un article écrit par Gabrielle Fack et Camille Landais, se demande pourquoi, car le taux de déduction des donations a été augmenté encore en 2003 pour atteindre 66%, l’un des taux les plus élevés au monde.

Les Français seraient-ils par nature égoïstes ?

L’histoire de la philanthropie française est celle d’une des plus grandes farces à la crédulité de l’opinion, pratiquée par la bureaucratie française pour conserver son pré carré sans concurrence et y continuer ses magouilles.

C’est que la philanthropie est le concurrent le plus dangereux des services publics, dans la mesure où elle vise à rendre les mêmes services, satisfaire des besoins collectifs, ceux dont vivent les fonctionnaires, sans enrichissement personnel, à partir de la générosité et pas par la force contraignante de l’impôt et de l’État.

Les besoins collectifs -hors religion-, ce sont essentiellement la santé, l’éducation, la recherche, la culture.
La concurrence entre privé et public dans la satisfaction de besoins collectifs est pourtant indispensable : la raison pour laquelle 10 universités américaines sont en tête du classement mondial de Shanghai est qu’ environ 40% des universités américaines sont privées, dont le célèbre Harvard, et vivent essentiellement de donations de personnes privées [[très peu de donations d’entreprises qui représentent 5% du total des dons]] dont ceux de leurs « alumnis » [[anciens élèves]]. Au point que les universités publiques, par insuffisance de fonds publics, se sont mises à les imiter et à faire des campagnes de « fundraising ».

Mais pour demander des fonds à des donateurs, il faut démontrer son utilité ; pas comme l’État qui n’en a pas besoin et impose de sa seule autorité.
Le secteur public a donc été conduit à démontrer sa performance.

Très loin du système français où le secret des résultats prévaut et où c’est alors la politique des petits copains qui règne.

L’histoire de la philanthropie en France depuis la guerre, c’est l’histoire des trompe-l’œil montés par des hauts fonctionnaires pour éviter à tout prix que ne se développe un secteur philanthropique comparable à ceux développés en Grande-Bretagne et en Allemagne, pour ne pas parler de celui des États-Unis. Et toujours sous des gouvernements de droite : le premier sous De Gaulle/Malraux en 1968, le second en 1987 sous Chirac Premier ministre à l’inspiration du ministre des Finances, Édouard Balladur, le troisième avec Raffarin en 2003 et le dernier sous Sarkozy en 2008.

Toujours on vous explique – avec des chiffres faux – que la philanthropie française est en retard et que la réforme va mettre la France à égalité avec les autres grandes nations occidentales ; toujours, la préparation et souvent la présentation sont confiées à des énarques. Et toujours, les vrais handicaps de la philanthropie française ne sont pas abordés ; ces handicaps sont fondamentalement que les organismes à but non lucratif ne peuvent pas recevoir de dons lourds, disons supérieurs au million d’euros, notamment des legs, sans voir reçu l’onction de la bureaucratie à travers un décret du Premier ministre pris sur avis – secret et non susceptible de recours – du Conseil d’État. Sans dons lourds, impossible d’établir des universités, des centres de recherche (faisant concurrence au CNRS), des hôpitaux, des musées.
Par contre, si la France se distingue par le caractère exsangue de sa philanthropie, elle se distingue aussi par l’énorme poids pris dans le domaine non lucratif par des organismes financés entièrement sur de l’argent public.

Les financements publics existent dans tous les pays mais aux USA où la concurrence public-privé a prouvé son efficacité, ce pourcentage ne dépasse pas en moyenne 30%.
En France, c’est l’inverse. La philanthropie privée ce serait environ 3,5 milliards d’euros par an, les subventions aux associations par l’argent public, environ 30 milliards.

Aucune concurrence mais le développement en grand de magouilles par lesquelles les fonctionnaires se gonflent leurs traitements ou leurs retraites, leurs avantages en nature et sans aucun contrôle car, malgré quelques efforts erratiques, les associations françaises ne sont pas contrôlées, sauf celles qui pourraient gêner la bureaucratie.

Un domaine d’une particulière importance est celui des think tanks, ces organismes qui ont vu leur développement d’abord aux USA et au Royaume-Uni parce qu’ils sont le seul antidote connu à ce que James Buchanan, prix Nobel, a décrit vers 1970 comme le virus du marché politique.

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De façon ahurissante pour un observateur extérieur, les premiers think tanks français ont été des think tanks de partis : la Fondation Gabriel Péri pour le parti communiste et Jean-Jaurès pour le parti socialiste. Et quasiment entièrement financés sur fonds publics. Alors que l’affichage avec un parti ferait immédiatement disparaître les avantages fiscaux aux USA.

Mais plus grave, en limitant le bénéfice des avantages fiscaux [[notamment article 200 du CGI]] à des associations qui ne peuvent porter ombrage aux services publics, et en particulier qui excluent les think tanks, la législation fiscale française s’est assuré qu’il n’y aurait aucun risque à voir les politiques publiques challengées par la société civile.

Comme nous le verrons, le grand nombre de noms qui figurent dans des annuaires de think tanks français ne fait que cacher la pauvreté des moyens, d’organisations réduites à faire de la figuration.

Ceci explique pourquoi Bercy se moque de ce que peut penser la société civile et continue de mener les politiques publiques qui font perdurer sa dictature sur la société française.

 

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2 commentaires

assens avril 11, 2013 - 7:03 am

Philanthropie, la concurrence étranglée par l’Administration
Bonjour,
Très engagé dans la vie associative, je soutiens parfaitement votre point de vue, à savoir qu’il existe un moyen efficace, prouvé à l’étranger, mais aussi en France, de rendre notre société performante dans le pays des 35 heures: le bénévolat et l’associatif, que vous appelez aussi « la société civile ».
La performance passe par la responsabilisation et l’engagement. C’est une troisième voie qui n’est ni de droite, ni de gauche, et qu’il est bien dommage de ne pas développer en ce temps de crise.
Pour témoignage, j’ai participé à la fondation de 2 crèches associatives parentales en tant que président, avec le soutien de la ville de Colmar. Les couts à l’heure pour la ville, qui gère par ailleurs des crèches en direct, était le plus bas de toutes les structures. 12 employés payés sur un fonctionnement public-privé performant soutenu par une collectivité intelligente. Il y a bp à dire, mais la place manque,. En tous cas, bravo, continuez, fondez un programme politique sur cette idée pour que l’on batisse enfin au lieu de se taper dessus comme nous savons si bien le faire!!

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yves buchsenschutz avril 11, 2013 - 7:36 pm

Philanthropie, la concurrence étranglée par l’Administration
1304 02 syndrome du petit chien

ma voisine hier matin trouva en arrivant devant ma porte,
un petit chien blessé qu’une voiture avait molesté.
N’écoutant que son bon coeur, et touchée par cette souffrance,
elle ramassa le petit animal et le porta chez elle.

Geignant tout doucement, il faisait grand pitié.
Elle le soigna, le pansa, puis le nourrit
tant et si bien que quelques jours plus tard
celui-ci la suivait partout, queue frétillante et poil luisant.

Quelques semaines plus tard une de ses amies,
se trouva dans la même situation : un chiot blessé, abandonné,
qui ne demandait rien à personne sauf un peu de réconfort.
Celui-ci lui fut derechef accordé. Elle le soigna, le pansa, le nourrit.

Les deux amis se retrouvèrent au parc accompagnées de leurs nouveaux protégés :
elles échangèrent, se lamentèrent, se congratulèrent et décidèrent de créer,
l’association des chiens semi- écrasés dont elles se déclarèrent illico, présidente et trésorière.
Un peu de communication, un peu de bouche à oreille, beaucoup de bonne volonté

et l’association fut lancée ! Deux ans plus tard une cinquantaine d’adhérents
avaient rejoint ce cercle bienveillant et l’on institua un règlement intérieur, des statuts,
et une cotisation. On créa une newsletter, puis organisa quelques manifestations,
mais bientôt la trésorière signala l’insuffisance des fonds pour sauver les pauvres chiots.

on avait d’ailleurs pris l’habitude d’aller les chercher de plus en plus loin
par des campagnes de recrutement car certains jours malheureusement,
les voitures ne fournissaient pas leur lot d’innocentes victimes.
ce qui bien entendu augmentait les frais.

Quelqu’un lors d’une assemblée suggéra que l’on demande
à la commune, une subvention. Bien introduit dans les instances,
il se faisait fort de faire entendre la voix de la désormais bien connue
association des chiots écrasés. Ce fut dit, fait et obtenu.

puis on passa à l’étape suivante : la campagne de dons.
Pour la rendre plus efficace ou demanda et l’on obtint le sésame
de la déductibilité fiscale. Donnez âmes sensibles,
une partie du fardeau sera prise en charge par Bercy.

Il paraît qu’à ce jour, le représentant national de ce lieu béni des chiots
milite en faveur d’un sous-secrétariat d’État aux chiots écrasés
partie intégrante du ministère de l’agriculture dont le financement
de l’association deviendrait désormais une ligne budgétaire.

Voici tout doucement, dans un univers pavé de bonnes intentions,
comment l’État s’empâte au même titre qu’un goret
et comment le contribuable finit par voir
enfler sa feuille d’impôts, toute bruissante et aguichante.

Ah bon politicien, salut ! (NB : L’école du vélo de La Rochelle en est rendue au stade 3)

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