Certains se sont plaints qu’un rapport d’Eurostat du 20 décembre sur les taux horaires dans l’Union européenne n’ait pas eu plus d’écho.
Ils s’indignent de ce que la proportion de bas salaires, autour de 6 à 7% en moyenne en Europe, atteindrait 22% en Allemagne et au Royaume-Uni, trois fois plus.
Les bas salaires sont définis comme les salaires inférieurs à deux-tiers du salaire horaire national brut médian (la moitié des salariés gagnent plus, l’autre moitié gagnent moins). En France, par exemple, les bas salaires sont ceux inférieurs à 9,20 euros brut de l’heure en 2010 (année où le Smic horaire brut était à 8,82 euros).
Ce que ces chiffres indiquent c’est que l’absence de SMIC ou l’existence d’un SMIC très bas, comme c’est le cas par exemple aux USA, permet à une partie importante des salariés de travailler dans la zone inférieure au salaire brut médian.
C’est ainsi pourquoi, dans ces pays, il est encore possible de trouver des salariés, le plus souvent des jeunes ou des étudiants, qui dans les stations-services nettoient les vitres des voitures ou dans les supermarchés aident les clients, et notamment les vieilles dames, à remplir leurs sacs.
Aux yeux de certains, ce sont certainement des travaux dégradants, mais l’histoire économique pas si lointaine est encore pleine des réussites industrielles de ceux qui ont démarré en vendant des journaux dans les rues de New-York ou du charbon. Il n’y a pas de sots emplois, il n’y a que les sots pour préférer l’assistance à l’emploi.
L’absence de SMIC est peut-être l’une des raisons pour lesquelles les deux pays mis ainsi au banc des accusés ont un taux de chômage qui a toujours été, et de loin, inférieur au français. Pour notre part, nous préférons voir un Français employé, même à un taux horaire très en-dessous du taux médian, que de savoir que cet emploi sera assuré au sud-est asiatique ou en Afrique par des main-d’œuvre encore beaucoup plus mal payées.
Ce serait peut-être l’occasion de rappeler qu’une étude de l’INSEE, publiée en avril et juin 2000 dans la revue mensuelle Economie et Statistiques (par Guy Laroque, directeur des études et des synthèses économiques de l’institut, et Bernard Salanié, chercheur dans le même département), montrait qu’une augmentation de 10% du SMIC augmenterait de 290.000 le nombre des chômeurs.
C’est la première et la dernière fois que l’impact du SMIC sur le chômage a été évalué, car l’intervention immédiate des syndicats maison de l’INSEE, demandant une rectification aux articles publiés, s’est traduite par la mise au placard définitive de ce genre d’études.
Heureusement qu’il existe encore en Europe des pays qui ont gardé leurs têtes sur leurs épaules.