Exposé à l’Université d’été IREF-IES à Aix-en-Provence le 21 juillet 2023.
Chers amis,
Tous mes remerciements et toutes mes félicitations aux organisateurs de ce colloque, notamment Pierre Garello, Enrico Colombatto et Jean-Philippe Delsol. Des remerciements pour avoir fait confiance à votre serviteur, un climatosceptique, c’est-à-dire un paria dans notre société où la quasi-totalité des médias, des responsables politiques et des chefs de grandes entreprises refusent toute discussion avec un climatosceptique puisque, disent-ils, « la science a parlé » : elle dit que l’homme est responsable du réchauffement climatique par ses émissions de CO2 dues à l’utilisation des combustibles fossiles.
Des félicitations car leur ouverture d’esprit manifeste une qualité majeure des libéraux, la tolérance pour les opinions qu’ils ne partagent pas.
Avant de présenter Steven Koonin, remarquons que la science du climat est principalement une science américaine. Charles Keeling, chercheur de l’université Caltech, la prestigieuse université technologique de Californie, a installé dans les années 1950 sur un volcan d’Hawaï un appareil électronique qui mesure en continu le CO2 de l’atmosphère terrestre. Ses mesures sont utilisées par tous les experts du climat. La moitié des satellites d’observation de la Terre et du climat sont américains. En 1978, la NASA et la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) ont lancé les bouées plongeantes Argo, qui mesurent les caractéristiques des océans jusqu’à deux mille mètres de profondeur. Depuis 1988, le gouvernement fédéral dépense plus de deux milliards de dollars par an pour la science du climat. Les États-Unis sont le pays dont les données météorologiques sont les plus abondantes et les plus fiables. La NOAA publie la plupart des données climatiques utilisées dans le monde entier par les experts du climat.
Élu président des États-Unis en 2008, Barack Obama chercha pour le conseiller le meilleur expert du climat américain. Il n’y eut pas de contestation sur le choix de Steven Koonin, ancien doyen de l’université Caltech, qui avait auparavant créé dans cette université la première chaire sur les modèles informatiques et rédigé l’un des premiers manuels universitaires sur ce sujet. Steven Koonin avait été en outre directeur scientifique de British Petroleum, où il avait promu les énergies renouvelables. Barack Obama nomma Steven Koonin sous-ministre de l’Énergie, en charge de la définition de la politique énergétique de l’État fédéral, sous les ordres du ministre de l’Énergie, Steven Chu, prix Nobel de Physique et collègue de Koonin à Caltech.
La politique qu’ils ont définie a été prudente. Pas d’interdiction du chauffage au gaz ou au fuel, ni de la vente des voitures à moteur thermique, ni de la location de logements mal calfeutrés contre le froid. Pas de fermeture de réacteurs nucléaires et de réacteurs expérimentaux. Pas d’obligation pour les producteurs d’électricité de vendre à leurs concurrents une partie de leur production à un prix fixé par le gouvernement. Pas d’interdiction d’explorer ni d’exploiter des forages de pétrole et de gaz de schiste, mais au contraire un développement spectaculaire de ces ressources. Le plan fixait un objectif de réduction de la consommation moyenne d’essence des automobiles, décidait un moratoire sur les nouvelles exploitations de charbon sur les terres fédérales, un versement de 500 Millions de dollars à des pays en voie de développement pour la production d’énergies renouvelables et une réduction de 30 % en 2030 des émissions de CO2 par les producteurs d’électricité. Cette dernière mesure fut d’ailleurs annulée en 2016 par la Cour Suprême.
Steven Koonin quitta le ministère de l’Énergie en novembre 2011 pour l’université de New York où il créa un Centre d’études urbaines et enseigna la Physique. Il commença à avoir des doutes sur la fiabilité de la thèse du GIEC sur la responsabilité humaine du réchauffement climatique lors d’une journée d’étude sur la science du climat organisée par l’Association des physiciens américains. Ses doutes furent accrus par le refus opposé par les autorités scientifiques américaines à sa demande d’un débat entre les partisans et les adversaires de la thèse du GIEC. Ses doutes s’aggravèrent après la lecture des différents rapports du GIEC, de moins en moins précis et de plus en plus alarmistes. Steven Koonin publia ses doutes en 2017 dans un article du Wall Street Journal intitulé « La Science du climat n’est pas établie ». Les réactions violentes suscitées par cet article l’incitèrent à publier un livre en 2021. Ce livre est paru en français il y a quelques mois. Steven Koonin s’y intéresse évidemment à sa spécialité, les modèles informatiques, qui sont supposés prédire l’évolution du climat. Il consacre 28 pages aux raisons pour lesquelles ils ne sont pas fiables : faible prise en compte de l’évaporation, incertitude sur l’influence refroidissante des aérosols (des particules fines provenant notamment de la combustion du charbon), caractère nébuleux (si vous me permettez l’expression) de la connaissance des nuages, réglage des modèles, c’est-à-dire le choix de données initiales permettant aux chercheurs d’obtenir les résultats souhaités, enfin large éventail de leurs résultats (de +1,5 °C à + 4,5°C pour la température moyenne de la Terre en 2100), différences qui s’amplifient à chaque rapport du GIEC. Les modèles donnent en moyenne pour la période de 1910 à 1940 un réchauffement qui est la moitié de ce qui a été observé. Ils ne rendent pas compte des variations passées du climat, comme les réchauffements du Moyen Âge, des époques romaine et minoenne, les refroidissements de 1880 à 1910 et de 1945 à 1975 et du petit âge glaciaire du XVIIème au XIXème siècle, les phénomènes El Niño, etc.
Dans son livre Steven Koonin n’hésite pas à contredire son ancien employeur, Barack Obama, qui, dans un tweet qui fit le tour du monde, avait en 2014 cité une étude d’un chercheur australien prétendant que 97% des experts du climat étaient favorables à la thèse du GIEC. Steven Koonin écrit : « l’étude qui a produit ce chiffre de 97% a été discréditée de façon convaincante ».
La conclusion la plus importante de ce livre concerne l’effet de serre. Une loi physique dit qu’un corps dont la température est supérieure au zéro absolu, c’est-à-dire -273° Celsius, émet de la chaleur sous la forme d’un rayonnement infrarouge, donc invisible. Vous percevez ce rayonnement quand vous êtes à côté d’une casserole d’eau en ébullition. Des lunettes spéciales permettent de voir la nuit ce rayonnement émis par des personnes. La Terre émet un tel rayonnement. Les gaz à effet de serre sont des molécules qui comprennent deux éléments de charges électriques opposées (H et O pour la vapeur d’eau, C et O pour le CO2, C et H pour le méthane) et créent ainsi un dipôle électrique absorbant certaines longueurs d’onde du rayonnement infrarouge de la Terre. Cette absorption est réalisée à 90% par la vapeur d’eau, 7% par le CO2 et le reste par les autres gaz. En l’absence d’atmosphère, la température moyenne de la Terre au niveau du sol serait celle de la Lune (-20° Celsius), et non + 15° Celsius.
Mais – c’est là l’essentiel – la quantité de gaz nécessaire à l’absorption de la totalité du rayonnement infrarouge de ces longueurs d’onde est faible. Par exemple, pour le CO2 il suffit d’une trentaine de mètres d’atmosphère au-dessus du sol pour absorber la totalité du rayonnement aux deux longueurs d’onde absorbées par ce gaz.
Steven Koonin décrit ainsi cette saturation de l’effet de serre : « La vapeur d’eau n’intercepte que certaines couleurs, mais comme elle les bloque à près de 100%, ajouter davantage de vapeur d’eau dans l’atmosphère n’aboutirait pas à une couche isolante plus épaisse. Ce serait comme ajouter une couche supplémentaire de peinture noire sur un carreau de fenêtre déjà peint en noir ». Pour le CO2 il écrit de même : « doubler sa concentration ne change pas grand-chose, car cela revient à l’effet « peindre en noir un carreau de fenêtre déjà noir » ».
Vous voyez sur les deux parties de ce carreau de verre une première couche de peinture qui illustre l’exemple de l’effet de serre naturel et une deuxième qui illustre le supplément apporté par les émissions humaines de CO2. La différence entre les deux parties est insignifiante. De même est insignifiante l’augmentation de la température moyenne de l’atmosphère terrestre due à l’augmentation du CO2 provenant de la combustion des combustibles fossiles.
Steven Koonin en tire la conclusion logique : puisque les émissions humaines de CO2 n’ont pas d’influence sensible sur le climat, la décarbonation n’est pas nécessaire. Il écrit : « les nombreux inconvénients certains de cette politique (de décarbonation) en dépassent les bénéfices incertains ». Un chapitre est intitulé : « la chimère du zéro carbone ». Non seulement la décarbonation complète est irréalisable, mais l’entreprendre, c’est garantir une hausse massive des prix de l’énergie, des transports, du logement et une baisse générale du niveau de vie et de l’emploi.
Steven Koonin affirme qu’il n’y a pas eu d’augmentation depuis 1850 des phénomènes climatiques extrêmes (inondations, sécheresses, feux de forêt). Il écrit : « Aux États-Unis, le nombre des records de chaleur n’a pas augmenté depuis un siècle ». « Le nombre des victimes des tornades a été divisé par dix depuis 1875 ». « Les superficies de la planète brulées chaque année par des feux de forêt ont diminué de 25% de 1998 à 2015 ». « Le nombre d’humains décédés à cause d’évènements météorologiques est 80 fois inférieur à ce qu’il était il y a un siècle » (6.000 contre 500.000). « Après la fin de la dernière ère glaciaire, de 10.000 à 6.000 ans avant Jésus-Christ, le niveau des mers s’est élevé en moyenne de 12 mm par an, quatre fois plus que depuis un siècle ».
Enfin, il explique que la désinformation dont nous sommes victimes est due à des scientifiques déformant la vérité pour convaincre l’humanité de la nécessité de sauver la planète. Pour eux, il vaut mieux persuader qu’informer, être efficace qu’être honnête. Steven Koonin distingue les articles scientifiques soumis à un comité de lecture des rapports d’évaluation du GIEC, dont les auteurs sont choisis par des fonctionnaires de différents pays et dont les versions finales sont approuvées par des personnages politiques.
Les autres responsables de la désinformation sont les ONG, comme Greenpeace, Oxfam, Action climat, qui perdraient leurs donateurs si elles renonçaient à l’urgence climatique, les medias, qui vendent mieux les mauvaises nouvelles que les bonnes, et les dirigeants politiques, qui peuvent rassurer leurs électeurs en propageant une idée simple : éliminer les combustibles fossiles. La plupart des alarmistes ne sont pas désintéressés.
Ainsi le fondateur du GIEC, le Canadien Maurice Strong, a-t-il dû démissionner de l’ONU en 2005 pour avoir encaissé 1M $ dans le scandale du programme « pétrole contre nourriture » de l’ONU en Irak. L’Indien Rajendra Pachauri, qui a été président du GIEC pendant 13 ans, a dû démissionner en 2015 pour enrichissement personnel et harcèlement sexuel.
Mon exposé est presque terminé, puisque vous savez maintenant que Steven Koonin nous annonce la fin de l’urgence climatique et l’inutilité de la décarbonation. Citant Tolstoï, il met en garde contre une tendance naturelle de l’humanité : « il est impossible de faire comprendre la chose la plus simple au plus intelligent des hommes s’il est fermement convaincu qu’il sait déjà, sans l’ombre d’un doute, ce qu’il en est ».
Le livre de Steven Koonin est très documenté, facile à lire, sans doute le meilleur livre existant sur le climat. Vous comprendrez en le lisant que l’essentiel est dans cette vitre noircie.
Quand cette vérité finira-t-elle par être reconnue ? Il a fallu près de quatre siècles pour que Galilée, défenseur de la théorie héliocentrique de Copernic, soit réhabilité. La théorie de l’évolution de Darwin n’était pas encore admise 50 ans après la parution de L’Origine des espèces. La théorie de Marx de la paupérisation absolue de la classe ouvrière a duré près de 50 ans. Les théories de Lyssenko niant la transmission héréditaire des gènes ont duré 35 ans. La tectonique des plaques a mis 50 ans à être acceptée.
La théorie de la responsabilité humaine du réchauffement climatique a pris son essor en 1988 avec la fondation du GIEC. Le livre de Steven Koonin démontrant scientifiquement que l’homme n’est pratiquement pas responsable du réchauffement est paru trente-trois ans plus tard. Peut-être faudra-t-il encore vingt ans pour que la théorie de la responsabilité humaine du réchauffement soit abandonnée. Mais déjà l’an dernier, d’après une enquête de l’OCDE, 43 % des Français étaient réceptifs aux thèses des climatosceptiques, alors que la France est le pays le moins climatosceptique. Nous pouvons espérer que, grâce à notre nouveau Galilée, Steven Koonin, un expert incontestable, la vérité finira dans peu d’années par triompher.
3 commentaires
Bravo Alain MATHIEU pour cette claire recension de Koonin
Bravo Alain MATHIEU pour cette claire recension du livre de Koonin .
Et il ne savait pas encore que l’ugmentation des températures, ce sont d’abord dans les villes: les températures des campagnes montent 40% moins vite :
https://www.ceres-science.com/post/new-study-suggests-global-warming-could-be-mostly-an-urban-problem
Steven Koonin, un expert atypique
Dommage que la diffusion restreinte de cet article édifiant soit si faible, sa diffusion notamment du coté des députés et sénateurs permettraient (si ils le en prenaient connaissance de leur retirer leurs œillères
Le mur climato alarmiste semble craquer
Le mur climato alarmiste semble craquer
après l’Angleterre, même Macron , a compris que les populations européennes ne supporteraient pas les délires dépensiers des alarmistes et des économistes qui les croient sans aller creuser les réalités scientifiques et économiques et géopolitiques qui s’accumulent pour contester la folie alarmiste.