Voter ou Manifester ?

par Yves Buchsenschutz
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Nous sommes le 3 novembre 2022 et depuis près d’un mois, les français continuent à courir après du carburant. L’inflation a dépassé les 5 % et si certaines entreprises ont procédé à des augmentations de salaire, d’autres ne l’ont pas encore fait ( !), et certaines catégories de citoyens tirent la langue malgré les soutiens étatiques semés à tout vent. Beaucoup d’entreprises souffrent. Le président a parlé deux fois il y a une dizaine de jours mais cela a à peine changé la donne. Tout juste si on parle encore de la guerre en Ukraine … la nouvelle du week-end, ce sont les « bassines » agricoles.

Voici un thème intéressant : l’agriculture, comme toute autre activité a ses obligations et ses contraintes. La France, historiquement premier pays agricole de l’Europe, ne serait-ce que par sa superficie et son relatif faible peuplement a été doublée par l’Allemagne et la Hollande ! Des agriculteurs ont donc imaginé de créer des réserves d’eau pour parer des risques de sécheresse. Dans un pays comme la France, cela ne se passe pas tout seul : vous avez affaire à des enquêtes, des administrations, à des recours, des débats publics, des autorisations … toutes étapes pendant lesquelles le bon peuple ou les lobbys divers peuvent s’exprimer et argumenter. Un jour pourtant dans le meilleur des cas vous obtenez, légalement, une autorisation ! Vous vous lancez donc dans l’entreprise. Mais c’est le moment que choisissent Madame Rousseau, Madame Autain voire Madame Delli ou Monsieur Jadot ainsi que leurs amis pour expliquer voire se disputer autour de l’écologie « radicale ». Le problème est assez simple : des gens se sont faits une opinion sur un sujet et considèrent que leur avis vaut loi pour tout le monde. Comme la loi ne leur a pas donné démocratiquement (une personne = une voix) raison, ils tentent de l’imposer par la force physique. Curieusement ce sont les mêmes qui dénoncent à grands cris les violences conjugales ! Qui nous débarrassera définitivement de la théorie des minorités agissantes (et toutes-puissantes) ?
De la même manière, la Russie, l’Arabie Saoudite, voire le Qatar ayant décidé (et pourquoi s’en seraient-ils privés ?) de profiter de l’emballement des prix mondiaux du pétrole et du gaz, et se retrouvant en position de ponctionner largement les pays consommateurs d’Europe de l’Ouest, les salariés français de ces sociétés ont décidé eux de ponctionner leur employeur. Un pays développé, lequel se prétend civilisé, peut en 2022 être paralysé par la CGT ! La situation des salariés de Total a beau être favorable, des mesures ayant été prises, négociées et approuvées par les représentants majoritaires des salariés, la CGT a tranché, peut-être d’ailleurs simplement localement (quelques dizaines d’individus ?) de continuer à bloquer ce qui se révèle être devenu en réalité un service public ? Il existe paraît-il des lois de réquisition mais jeudi 3 novembre, il n’est toujours pas possible de trouver son carburant chez son fournisseur habituel, sans exploration ni attente. (Ne parlons même pas du prix !) Que se passerait-il demain si l’on arrêtait, ce qui a presque été fait la distribution d’électricité, mais pourquoi pas d’eau, voire de téléphone ou d’Internet ? L’enchevêtrement des interactions dans nos sociétés mériterait un énorme chantier de clarification. Les boulangers aussi pourraient décider un matin de ne plus faire de pain ! (C’est presque ce qui est arrivé avec la moutarde, pour d’autres raisons, déclenchant une chasse au condiment généralisée) Comme pour les bassines, nous sommes désormais à la merci d’abus de pouvoir permanents. Pour les vélos c’est déjà fait, la loi n’existe carrément pas. Pas vraiment pour les motos non plus d’ailleurs.
Monsieur Macron nous a parlé. C’était plutôt sympathique, il ne manquait que le feu de bois. Mais à la sortie on continue à se poser des questions. À part les fameux 49.3 « budgétaires », qui décide quoi ? Le président a affirmé qu’il traiterait le problème des retraites et ceci rapidement « dans le dialogue ». Va pour le dialogue mais il a d’ores et déjà affirmé qu’il tiendrait bon sur les 65 ans, mais accepterait si nécessaire 64 ( !). Pour information, 11,4 Millions de français avaient déjà plus de 65 ans en 2017 et la prévision de croissance de cette tranche d’âge d’ici 2060 est de plus de 70 %. Allons-nous au moins instaurer une clause de révision, si l’espérance de vie continue à augmenter ? Ou recommencerons-nous ce cirque tous les deux ans ? Sa première ministre, elle, a annoncé dès le lendemain que les fonctionnaires continueraient à calculer leur retraite sur les six derniers mois de carrière et non sur la moyenne des 25 ans des salariés du privé : la recherche d’équilibre, de justice et d’équité est traitée. Quoique peut-être une loi interdisant les augmentations dans la fonction publique avant les fameux six mois, voir l’année précédente pourraient déjà détraquer quelque peu cette machine à privilège. Sur quoi va-t-on discuter exactement ? Il semblerait bien que les syndicats et en particulier la CGT aient déjà largement décidé. Pourtant ils représentent moins de 10 % des « travailleurs » et sont très largement financés par les impôts de tous et non par les cotisations des adhérents.[[Eux-aussi en fait sont déjà étatisés. Mais quel gouvernement aura le courage de fermer le robinet ?]] Cela signifie- t-il que les régimes spéciaux seront maintenus en l’état ? À vrai dire il semblerait qu’on soit plutôt en train d’en construire un nouveau pour l’énergie. Ensuite on pourra s’attaquer à l’eau, et aux camionneurs. Curieusement concernant les retraites personne n’a parlé de la baisse du chômage voire de la croissance puisqu’il s’agit dans ce cas précis d’un rapport cotisant/bénéficiaire, pas plus que de démographie : si les français cessent d’élever des enfants il n’y aura comme en Italie plus personne pour financer les retraites.
De ce côté d’ailleurs, le président semble largement pencher vers l’étatisation. Non seulement, comme l’expliquait très bien Bertrand Nouel, nous glissons tout doucement dans des retraites financées par l’impôt en lieu et place d’un système assuranciel. Il en est de même pour le financement des collectivités locales pour lesquelles la taxe d’habitation supprimée est remplacée en principe par des dotations de l’État. Le résultat est l’augmentation généralisée des taxes foncières et l’explosion des taxes d’habitation de résidence secondaire. On est maintenant tranquille, les citoyens ne pourront plus demander des explications à leur maire. La crise du logement pourrait se résoudre par la mort des résidences secondaires et les bailleurs privés vont devenir une denrée rare : on pourra étatiser également le logement !
Seule petite lueur d’espoir, le président aurait compris que pour réformer il faut simplifier. L’exemple de la Suisse, que Claude Sicard nous commente largement dans un article ce jour est criant, que dis-je, hurlant, de vérité. Nous en sommes très très loin !
Cessons de voter, créons un syndicat et allons manifester.

 

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