L’IVG Responsable

par Yves Buchsenschutz
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EPLF s’efforce de comprendre et d’accompagner, voire de défendre la création d’emplois marchands par les entreprises et par conséquent s’intéresse à leur développement mais il exprime aussi les réactions et opinions d’un groupe d’anciens chefs d’entreprise devant la société qu’ils voient évoluer devant eux.

Être chef d’entreprise, c’est être un manager, sorte d’individu que l’on ne trouve que dans ces enceintes particulières qui ont à réaliser des objectifs et à conduire des hommes (et des femmes) avec une contrainte permanente de rentabilité[[A ce propos, pour ceux que la conduite des hommes dans les entreprises intéresse, je vous recommande « Le Management Fertile » d’Yves Golder édité chez GERESO.]]. Ceci veut dire qu’en permanence un manager aura à choisir, souvent de manière difficile, entre les solutions qui par construction ne satisferont pas tout le monde. Il doit donc apprendre à dire non de manière efficace, c’est-à-dire à bon escient, mais aussi de manière acceptable pour ses interlocuteurs ce qui n’est pas toujours le plus facile.

Nous avons choisi dans notre lettre, de compléter nos analyses sur les entreprises, leur environnement proche et l’emploi, par des réactions que nous pouvons avoir avec, à la fois, notre expérience, parfois notre naïveté, voire aussi des décalages de génération, et de nous autoriser à porter un regard parfois critique sur l’actualité qui se déroule autour de nous.

Une position sur l’IVG et la Clause de conscience

Il y a un mois environ, un de nos membres, Bertrand Nouel, vous proposait un article sur la modification de la loi sur l’IVG et la clause de conscience du corps médical. Je voudrais ce jour le compléter par la notion de responsabilité individuelle face à une société du laisser-faire ou plus profondément, du toujours plus. (voir EPLF du 19 Octobre 2020 par Bertrand Nouel)

Le paradoxe de la vie ?

La loi sur l’avortement n’a pas résolu une question qui, personnellement, me semble fondamentale, celle du respect dû à la vie humaine. D’un côté Monsieur Badinter se glorifie d’avoir fait abolir la peine de mort, ce qui pour moi, simple citoyen, signifie qu’on ne peut pas ôter la vie à un individu quelles que soient les circonstances, sauf, même si cela n’a pas été je pense explicitement écrit, en cas de guerre. De l’autre, Madame Veil a porté la loi sur l’avortement, laquelle autorisait, dans des limites bien définies, l’interruption de grossesse, donc quelque part la suppression de la vie.

IVG ou peine de mort

J’ai vécu personnellement l’instauration de ces deux lois qui me posent deux vraies questions : comment pouvons-nous avoir simultanément deux attitudes contradictoires sur le respect de la vie ? dans le cas du crime la préservation, dans le cas de l’avortement la suppression. Accessoirement je le reconnais bien volontiers, se pose la question : quand commence la vie ?

Le droit des femmes sur leur corps

Il me semble que Madame Veil avait défini en son temps des limites, liées à la biologie et la médecine, compatibles avec l’échec représenté par le nombre très élevé d’avortements annuels malgré une loi répressive. Elle avait de ce fait fixé une sorte de limite à la vie. La vie n’est pas toujours blanche ou noire et oblige parfois à accepter le gris. Avec le temps les partisanes de l’avortement ont transformé ce droit en celui pour les femmes de disposer à leur guise de leur corps.

Un dérapage incontrôlé

Même en acceptant ce point de vue, qui n’est pas strictement exact car il faut bien être 2 pour engendrer un enfant, on peut se poser la question de savoir à partir de quel moment une femme ne va plus seulement disposer de son corps mais aussi de celui de son enfant « à naître ». Simone Veil et le législateur avaient fixé ce délai à 9 semaines, au départ, passé ensuite à 10 puis à 12. La liberté des femmes revendique aujourd’hui 14 ! C’est-à-dire trois mois et demi, c’est-à-dire aussi une interruption plus problématique car l’embryon ne peut plus être expulsé par simple aspiration et a commencé à se rapprocher beaucoup plus d’un petit être humain. Il devient d’ailleurs médicalement un fœtus. Comme le faisait remarquer un lecteur à Bertrand Nouel, en trois mois on devrait pouvoir avoir le temps de choisir en connaissance de cause d’autant plus qu’aujourd’hui les moyens de contraception autres que l’avortement ont fait beaucoup de progrès. On transforme progressivement une loi de nécessité en une loi de confort dont on a un peu de mal à accepter la légitimité et la compatibilité avec la suppression de la peine de mort.

De la nécessité au confort

Les femmes, ou les couples, ne pourraient-il pas devenir un peu responsables avant que l’on autorise l’avortement à huit mois et demi, le transformant purement et simplement en une autorisation d’euthanasie ? Qu’en pensez-vous, Maître Badinter ?

Yves Buchsenschutz

 

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1 commenter

Arnaud Brunel novembre 16, 2020 - 11:25 am

L’avortement est déjà autorisé jusqu’à 9 mois en France…
… sous le nom d’IMG. Au départ pour la protection de la santé de la mère ou en cas de maladie incurable diagnostiqué sur le foetus, la dite maladie incurable est devenue le handicap (genre trisomie 21), ce qui donne de fait un droit à l’eugénisme jusqu’à la veille de la naissance d’enfants certes handicapés mais viables et pas nécessairement malheureux.
Ce droit est en train d’être subrepticement étendu, dans le même projet de loi, à toutes les situations en invoquant « une détresse psycho-sociale », donnant ainsi le droit de tuer des enfants viables et normaux.
Les mêmes qui veulent protéger les animaux applaudissent des deux mains cette évolution…
Bien à vous, et bonne continuation,

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