Le parcours du gouvernement est trop facile à critiquer depuis le début de la crise sanitaire pour qu’on manque de signaler une lueur d’espoir inespérée. En vérité il y a eu deux moments très inhabituels et prometteurs dans la déclaration du Premier ministre sur le plan de déconfinement devant l’Assemblée Nationale.
1. Cette entrée en matière sur son ignorance et celle des experts, aux avis contradictoires et changeants, quant à l’épidémie. Ignorance il est vrai décroissante avec le temps donc de nature à permettre l’espérance.
2. L’image de la ligne de crête où le gouvernement chemine entre la maladie et « l’effondrement ».
Jamais un gouvernement de la Ve République n’a prononcé ce mot qui évoque forcément 1940.
C’était une irruption de la réalité brutale au milieu des figures de style apprises à l’ENA.
Loin des exercices de « pédagogie » de prétendus sachants partageant leur connaissance avec les simples citoyens, dont il est vrai les professeurs de médecine nous abreuvent plusieurs fois par jour.
Loin de la promesse de succès implicite dans l’assurance sous-jacente dans les déclarations du chef de l’Etat.
Loin des commentaires des éditorialistes patentés sur la qualité de la communication du gouvernement : aurait-il dû parler autrement pour que ce discours soit reçu c’est-à-dire compris et accepté. Ah, les sourires auto-satisfaits d’Alain Duhamel ! comme si le but ultime d’un gouvernement était de bien communiquer.
Face à une réalité peu prévisible il est louable de proclamer que les mesures seront évaluées en continu et adaptées aux résultats observés sur le terrain. Honnêteté essentielle de s’adresser à des citoyens qui partageront les conséquences de ces mesures et non pas comme à des consommateurs de services, à des clients d’un hôtel qui trouvent l’eau du bain trop froide et le room service trop lent. (Au passage il n’y a plus de room service juste des plateaux posés derrière la porte de la chambre).
Les deux risques ne sont pas de même nature : des vies perdues contre un effondrement économique soit encore plus de vies détruites. Cette fois on n’a pas peur de le dire au contraire des médias qui nous accablent de leurs détails scandaleusement apocalyptiques.
Au moins on ne nous endort pas cette fois en prétendant nous protéger. Les Français sont des adultes qui peuvent être confrontés aux réalités. Il convient de remercier le Premier ministre pour ce changement de style dans le discours.
Encore un effort en citant des chiffres sur les résultats atteints et visés et nous pourrons être raisonnablement fiers de la lucidité démocratique de notre gouvernement capable enfin de se comporter comme la plupart des gouvernements européens. Il ne restera plus qu’à agir de façon efficace avec courage et générosité pour éviter la crise sociale qui ne facilitera pas le redressement, surtout si on croit l’éteindre en consolant les Français des difficultés au lieu de constater que nos entreprises souvent trop faiblement dotées de fonds propres en 2019 risquent de finir exsangues sous cet angle, même si on leur a donné une trésorerie temporaire.
Il est temps qu’un parti européen des entreprises se crée pour éviter cette issue désastreuse et malheureusement probable. Nous en reparlerons.
3 commentaires
Merci Hervé de rappeler quelques fondamentaux !
Ces fondamentaux devraient être diffusés très largement.
tableau
http://scmsa.eu/archives/Tableau_pays_confinement2.pdf
commentire
Félicitation Hervé pour cet article lucide et honnète sur l’action de notre gouvernement qui, nous l’espérons tous, devrait aboutir au résultat le moins mauvais possible.