MACRON « ACTE 2 »,

par Hervé Gourio
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● 2ème partie ●

Dans la 1ère partie de cet article, nous observions que le dégagisme de 2017 et la réaction initiale de l’opinion publique au mouvement des Gilets jaunes exprimaient un certain rejet de l’étatisme qui caractérise la France depuis au moins 40 ans. Pour la première fois, l’opinion publique approuvait une rupture avec cette méthode de gouvernement si particulière à la France.
Le président Macron s’est employé à endiguer cette demande par des mesures variées typiquement étatistes. Les mêmes causes produiront les mêmes effets. On peut donc raisonnablement être inquiet quant à la prolongation de la crise politique et sociale dont souffre le pays, et qui ne date pas de 2017. Aussi, demandions-nous si un homme intelligent et qui exprimait des regrets, ne pourrait pas changer de cap.

Vers un Macron 3 efficace ?

Un Macron 3, à la hauteur face à l’étatisme

L’aveuglement actuel fait craindre le pire. Ne peut-on espérer un Macron 3 enfin lucide ?
On ne peut se résoudre à cette situation incroyable : un homme intelligent sur les pas du Sapeur Camember, qui creuse un trou pour en combler un autre. Ne peut-il pas trouver la voie pour libérer la France de l’étatisme comme les Français commencent à le désirer ?

Hélas, il faut en convenir : c’est nous qui manquons de lucidité. La vérité est tout simplement que les politiques ne savent pas comment s’y prendre. Et Macron pas plus que les autres. C’est bien difficile en effet pour des praticiens experts de l’étatisme de chercher à y mettre fin ! Donc de susciter les opposants avec lesquels ils devraient débattre, avec qui ils devraient partager le pouvoir. Dans un registre similaire, nous avons constaté, depuis la création de l’Union Européenne, combien il était difficile d’organiser une subsidiarité efficace entre notre pays et Bruxelles. Mauvais présage.

Un scénario pour sortir de l’étatisme

C’est ici que notre expérience de dirigeants face à des situations complexes, peut être utile. Un jour ou l’autre nous avons été obligés de penser « Out of the box ». Comment traduire cela en bon français ? Faire preuve d’innovation ? Sortir des sentiers battus ? Non, vive la Californie ! Essayons-nous à un scénario comme on en a imaginé là-bas, à la Rand corporation par exemple, qui générerait ces nouveaux acteurs indispensables et leur relation avec nos leaders actuels.

Plusieurs approches sont possibles. Aujourd’hui nous nous inspirerons de notre extrême opposé : la Suisse ! Comment s’inspirer du succès suisse ? Helvétiser les Français est un rêve fou. Contentons-nous de copier l’architecture de leur décentralisation. Chaque niveau géographique est seul responsable de certaines dépenses, du niveau des ressources qu’il y affecte et des impôts qu’il prélève sur les citoyens habitant à ce niveau et sur les entreprises y exerçant leur activité.

Des cantons français

La France de l’école, de l’église et du bistrot a été remplacée par celle du supermarché, du collège et de la pharmacie, un jour peut-être du centre médical ? En tous cas il faut y ajouter aussi le magasin de bricolage et la déchèterie. Sans oublier les gendarmes et les pompiers.
On peut sentimentaliser les communes mais elles ne constituent pas un niveau pertinent d’administration. Leurs réseaux simples (eau, électricité, etc.) appartiennent au niveau supérieur : celui du canton (français). Surtout, les habitants des communes, sauf agricoles, ne partagent pratiquement pas d’activités. Ce sont des rassemblements de logements hébergeant des « voisins ». Ils peuvent trouver plaisir à se côtoyer mais il n’y a pas besoin d’administration ni de gouvernement au niveau des communes. Tout juste d’un comité des fêtes et d’un processus d’attribution des permis de construire.
Ce sont les cantons, en vérité rassemblement de communes, qu’il faut ériger en unités de base responsables de leur gestion locale et de leurs relations mutuelles.

On voit bien la difficulté : il n’y a pas de candidats évidents pour assumer la responsabilité de ces cantons : pas de conseil élu ni de président ambitieux pour porter l’avenir de cette nouvelle collectivité humaine. Ce job n’est guère attrayant !
L’acte fondateur serait d’élire ce responsable d’une communauté de communes et de transférer au nouveau conseil cantonal, l’essentiel des pouvoirs des maires qui en deviendraient les membres de droit. En faisant dès le départ un bilan des besoins et des ressources actuelles de la nouvelle entité. En oubliant a priori les canalisations embrouillées des financements publics actuels pour se contenter du solde des prélèvements publics et, en sens contraire, des transferts de tous ordres à destination du territoire et de ses habitants. En somme, faire un audit et le budget base zéro du canton et du solde de sa balance des paiements avec les administrations hors du territoire.

A partir de là on pourra faire calculer le niveau de la taxe d’habitation locale pour couvrir les dépenses du canton. A l’avenir, changement copernicien, le niveau de cette taxe devra être fixé localement par les habitants de même que les investissements. Sans intervention d’aucune autorité extérieure. Certaines dépenses publiques gagneraient peut-être à être approuvées par référendum au lieu de démontrer l’entregent de l’élu vis-à-vis des Messieurs de l’administration. Changement radical par rapport aux communautés de communes actuelles habituées à recevoir la becquée suivant des règles absconses.

Pour les niveaux supérieurs nous nous bornerons à énoncer quelques principes sommaires pour illustrer le type de scénario que nous pensons nécessaire de proposer sans chercher à le finaliser.

La solidarité et le régalien

Au niveau national, il faut commencer par définir de façon limitative, d’une part le domaine régalien et le financer avec un impôt universel comme la TVA, et d’autre part, préciser les transferts sociaux vers les plus démunis bien identifiés par leurs revenus et leur patrimoine. Tout en précisant avec clarté la base assurantielle du système social. Chacun paye en fonction du risque qu’il court et qu’il demande de couvrir. S’il ne peut pas payer, alors il bénéficie de l’aide aux « démunis ». L’impôt de solidarité existe, la CSG. Il faut décider clairement des dépenses qu’il couvre.

La région à délimiter

Entre les cantons et la nation, il y a la place pour des agences régionales ou départementales chargées de gérer certains services publics en fonction de la géographie et de l’efficacité économique avec les critères et les moyens du 21e siècle. Aux assemblées représentatives actuelles pourraient être attribuées des compétences et des ressources précises après redécoupage pour créer des aires métropolitaines. Belle occasion de budgétiser « base zéro » un magma de dépenses dont l’utilité pour les citoyens est douteuse et de préciser dans des États Généraux, bien justifiés dans ce cas, les appartenances géographiques des cantons et les compétences des départements, régions et métropoles. Pourquoi pas en commençant par une des régions proches culturellement de cette démarche ?

Et Paris ?

En dehors de son rôle de capitale économique, son avenir repose largement sur son succès touristique mondial, résultat de son originalité historique. Vivre à Paris est un avantage si remarquable qu’il impose des devoirs et en tous cas prohibe tout favoritisme. Il faut donc revenir sur l’existence de la Mairie de Paris dans son format actuel (création récente qui n’a pas fait ses preuves) et limiter ses compétences qui aboutit à privilégier des parisiens de cartes postales alors qu’ils sont en même temps célébrés comme les champions de la mondialisation. Comment éviter qu’ils soient des profiteurs de l’étatisme ? Une première mesure s’impose, à titre d’exemple, les Parisiens détenteurs d’un patrimoine immobilier ne sauraient bénéficier d’aucune subvention de l’Etat.

Une révolution à la portée des Français

L’esquisse de scénario à laquelle nous venons de nous risquer fera sans doute l’objet de critiques justifiées. Elles seront bienvenues si d’autres scénarios sont proposés conduisant à l’émergence de nouveaux acteurs qui puissent réduire effectivement l’emprise de l’Etat. Ces études devraient être jugées à leurs chances de succès pour sortir le pays de la confusion actuelle.

Sous l’autorité d’un Macron 3 ? Pourquoi pas ! Ses talents l’en rendent capable. Les pouvoirs exorbitants dont le dote la Constitution permettent d’engager les transferts de pouvoir comme ceux que nous avons présentés sans que le pays sombre dans l’anarchie. A la différence des nombreuses révolutions françaises passées, la remise en cause des situations actuelles ne pointe pas vers des gouffres inconnus comme l’a rappelé Peter Sloterdijk dans son « Après nous le déluge ». La poursuite de l’étatisme avec Macron 2 nous engage plus sûrement vers l’abime. Vivement Macron 3 !

 

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1 commenter

zelectron mai 16, 2019 - 12:44 pm

la bonne devise?
Mussomacronlini : « Tout dans l’État, rien hors de l’État, rien contre l’État ! »

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