L’Insee nous répète que la France est la championne du monde de la création d’entreprises, avec en 2016 plus de 550.000 entreprises créées dans des secteurs marchands non agricoles ; mais la plupart de ces entreprises n’ont pas de salariés !
L’Insee refuse de donner le nombre d’entreprises crées avec salariés et dit seulement que moins de 10% des entreprises créées chaque année comportent des emplois ; cependant, ce sont les entreprises employeuses qui sont créées avec des capitaux et donc capables de grossir, d’embaucher et de contribuer à l’activité économique à long terme. La France aurait donc créé seulement près de 50.000 entreprises employeuses en 2016.
Le chiffre total des créations ne comprend les entreprises créées pour des raisons administratives ou fiscales (donc des coquilles vides) et les auto-entrepreneurs, devenus micro-entrepreneurs, immatriculés au cours de l’année. Le régime de l’auto-entrepreneur a été instauré en 2009 et les créations d’entreprises ont doublé entre 2008 et 2009 en passant de 300.000 à presque 600.000. Mais la quasi-totalité des auto-entrepreneurs complètent ou créent leur propre emploi sans embaucher par la suite.
En 2015 les 50.000 entreprises employeuses françaises se comparaient, à population équivalente [[Nous ramenons la population d’un pays équivalente à celle de la France par une règle de trois.]], à 360.000 créations d’entreprises employeuses au Royaume-Uni et 86.000 aux États-Unis ; ces entreprises employeuses ont créé 845.000 nouveaux emplois au Royaume-Uni et 510.000 aux Etats-Unis, contre seulement 100.000 en France en 2015.
L’Allemagne ne crée guère plus d’entreprises employeuses que la France, mais c’est l’un des rares pays occidentaux qui a su conserver une industrie puissante, qui emploie un tiers de sa population active, ce qui assure une forte stabilité de l’économie et un faible taux de chômage. L’Allemagne a moins besoin renouveler son tissu économique.
La France a perdu sa puissance industrielle ; elle ne pourrait rattraper son retard d’emplois marchands que par des créations massives d’emplois par les entreprises nouvelles chaque année mais elle n’y arrive pas à cause du manque de capitaux propres des entreprises nouvelles [[« Les entreprises en France, édition 2017 », Insee Références, p. 78.]] . Hors auto-entrepreneurs, environ la moitié des entreprises se créent avec moins de 8.000 euros de capitaux propres. Or, les estimations de l’Irdeme montrent qu’il faut des montants bien supérieurs, entre 20.000 et 40.000 euros de capital à la naissance de l’entreprise pour chaque emploi salarié créé. D’après les chiffres de Jean-David Chamboredon, il faut 50.000 euros par emploi salarié pérenne.
Cette importance des fonds propres à la création a cependant été bien comprise par le Royaume-Uni qui encourage le financement privé des créations d’entreprises par des incitations fiscales aux investisseurs privés, renforcées encore par le gouvernement Cameron. Les États-Unis ont depuis 60 ans un régime d’incitation fiscale à l’investissement privé dans les nouvelles entreprises et créent des entreprises fortement dotées de capitaux au départ qui emploient rapidement beaucoup de salariés.
En France malheureusement l’État veut s’occuper lui-même des entreprises nouvelles ; il taxe les investisseurs privés qui prennent des risques aussi lourdement que ceux qui n’en prennent pas, crée des organismes publics inefficaces pour financer les entreprises nouvelles et dépense beaucoup d’argent à soutenir des entreprises existantes !